C’est au cinéma Rabelais de Montpellier que cette journée du festival Cinemed a commencé, avec un premier film du programme « Courts métrages marocains ». Les Poissons du désert d’Alaa Eddine Aljem nous a emmenés en plein cœur d’un désert du sud marocain, sous un soleil de plomb. Un père fossoyeur, une mère qui se meurt et un fils qui rêve de devenir pêcheur. Un film où les regards en disent plus que les mots.
On se retrouve ensuite dans les montagnes de l’Atlas, enneigées, où deux bergers, un père et un fils doivent sauver leur troupeau mais le village le plus proche est désert, à cause d’un phénomène étrange et inquiétant : Qu’importe si les bêtes meurent de Sofia Alaoui. Le reste du programme nous a permis de découvrir les courts de Sofia El Khyari, dont le très beau L’Ombre des papillons, une rêverie nostalgique, au rythme de la saudade, des images peintes à la main, encre et aquarelle, des images où l’on sent la texture de la peau. On pouvait prolonger cette séance par l’exposition, Aux sources de l’imaginaire qui donnait à voir la matière derrière les créations des films d’animation de cette artiste plasticienne et cinéaste.
L’après midi, une table ronde, animée par Tewfik Hakem, a réuni des représentant.e.s de la jeune génération du cinéma marocain, bien équilibrée, trois femmes et trois hommes, accompagné.e.s par le « grand frère » , le modèle, Faouzi Bensaïdi dont on pouvait revoir Mille mois et Déserts.
Y a-t-il continuité ou rupture par rapport à la génération précédente ? La nouvelle génération est-elle plus audacieuse au niveau formel ? Le changement de pays modifie t-il les imaginaires ? Le cinéma reconnecte-t-il aves ses origines ? Y a t-il censure pour certains films ? Les coproductions sont elles une chance pour les cinéastes ?
Durant presque deux heures, les cinéastes Alaa Eddine Aljem (Le Miracle du Saint inconnu) Yasmine Benkiran (Reines) Ismaël El Iraki (Burning Casablanca), Sofia El Khyari, Asmae El Moudir (La Mère de tous les mensonges ) et le producteur-réalisateur Saïd Hamich Benlarbi (La Mer au loin)ont parlé de leur travail, de leurs imaginaires, de leurs aspirations et de leurs difficultés parfois. « Quand on a quelque chose à raconter, on doit trouver une voie-voix .Un cinéaste ça résiste tous les jours ! » a conclu le « grand frère »
Une rencontre qu’on pouvait encore poursuivre en allant voir la douzaine de longs métrages programmés lors de cette 46e édition de Cinemed.
ANNIE GAVA
Photo © A.G.