dimanche 23 juin 2024
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Avec « La Mer au loin », Cannes débarque à Marseille

a troisième édition marseillaise de La Semaine de la Critique s’est ouverte le 7 juin aux Variétés, présentée par Ava Cahen, sa déléguée générale

Un des 11 films de la sélection parmi les 1050 reçus : le 2e long métrage de Saïd Hamich Benlarbi, (après Retour à Bollène). La Mer au loin, l’exil d’un jeune maghrébin, une histoire en cinq chapitres qui commence en 1990 et se termine en 1999. Un parcours initiatique à Marseille qui commence comme un film noir, un mélodrame au rythme du raï.

La mer au loin, ses vagues, un visage d’homme. Une voiture dans un bois et des jeunes qui préparent le braquage d’un camion puis font la fête dans un café, à Marseille. Parmi eux, Nour  (Ayoub Gretaa) qu’on va suivre de prés dans le 1er chapitre, Nour 1900. Alors qu’ils vendent les objets volés, ils se font arrêter et chacun se voit obligé de prendre une route différente. Nour qui affirme s’appeler Pablo et être portugais, traité avec indulgence par le commissaire qui brûle son passeport pour lui éviter un retour forcé, se retrouve seul, désemparé, sans argent, à la rue. C’est là que sa route croise à nouveau celle de Serge, le policier qui l’avait arrêté.

2e chapitre, Serge 1992. Serge l’emmène chez lui, lui offre gite et couvert, lui présente sa femme, Noémie et son fils« Pourquoi tu fais ça ? s’étonne Nour. Je sais pas ! »Il lui trouve une chambre au-dessus d’un club de drag queens« Quoi chez les travelos ? »Un endroit que Serge connait bien car s’il aime sa femme, il est aussi attiré par les hommes… et par Nour. Noémie qui donne le titre au 3e chapitre, Noémie 1994, mène elle aussi une vie libre et joyeuse. Une famille hors normes qui va ouvrir les yeux de Nour sur le champ des possibles, lui permettre à de se (re) construire dans la fête et la légèreté même si les échanges téléphoniques avec sa mère lui rappellent que sa place n’est pas là. Sa place n’est plus nulle part d’ailleurs Saïd Hamich Benlarbi qui vécu l’expérience de l’exil précise : « Pour moi, l’exil se cristallise lorsque l’on arrive au bout de ses fantasmes de départ et de retour. Parce qu’on ne se sent jamais chez soi, et quand on rentre, on n’est plus chez soi non plus et on ressent une sorte de trahison. Il ne reste plus qu’à construire une nouvelle vie. »

«Au moins, nous avons passé de bons moments », dit un des personnages à la fin du film dont l’écriture a été inspirée par L’Éducation sentimentale de Flaubert et par la musique raï, exilée en France, à Marseille et réinventée par l’exil. Le cinéaste, présent aux Variétés, a précisé que sa référence principale était le mélodrame, en particulier les films de Douglas Sirk et de  Fassbinder.

Le cinéaste aime ses personnages remarquablement interprétés : Ayoub Gretaa,acteur de télévision connu au Maroc, pour la première fois au cinéma, a su rendre toutes les émotions qui traversent Nour. Anna Mouglalis, incarneune Noémie vibrante, vivante, sensuelle, touchante et Grégoire Colin,Serge, un policier atypique, rempli de désirs et d’humanité. Il les aime et nous les fait aimer.

« L’idée était de partir d’un groupe d’amis et de suivre leurs trajectoires d’exil, mais de les ancrer dans quelque chose d’intime et de vivre les choses à leurs côtés, à travers l’émotion. » Une excellente idée : l’émotion était bien au rendez vous !

ANNIE GAVA

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