Chaque année, la majestueuse salle en pierres voûtées du Préau des Accoules, occupant une partie de l’ancien observatoire de Marseille, se pare d’une nouvelle scénographie, adaptée aux oeuvres accueillies. Ces plongées successives dans les époques et esthétiques sont rendues possibles grâce aux prêts en provenance du FCAC, du Mac, de la Vieille Charité ou encore du très riche fonds Cantini, mettant à disposition des plus jeunes de réels originaux, un fait rare en France. Avec Elles!, il s’agit de mettre en valeur le travail de femmes artistes emblématiques des XXe et XXIe siècles. Selon les préceptes de cet exigeant musée jeune public, cette nouvelle exposition thématique intègre des jeux pédagogiques en regard de chaque oeuvre – tous imaginés et conçus par l’équipe du musée : un puzzle pour expérimenter les influences cubistes de Jenny-Laure Garcin, les fantasques et replètes Nanas colorées de Niki de Saint Phalle à reconstituer en figurines, l’éblouissante lumière méditerranéenne vue par Maria Helena Veiria da Silva (Marseille en blanc, 1931) à éprouver en 3D à l’aide de modules en bois, ou encore un jeu en kit aux allures de bronze doré, rappelant tant l’usage des matières de Germaine Richier, que la palette de couleurs de Louise Nevelson.
S’emparer des œuvres
C’est l’occasion aussi pour les plus jeunes de découvrir des oeuvres plus conceptuelles issus du mouvement japonais Gutaï, des fragments photos d’Annette Messager (Mes voeux, 1988) ou encore une fantasque couverture respirante posée à terre, issue de la série Somnambulist de Wendy Jacob, conçue en collaboration avec l’étholoque autiste Temple Grandin (1993). Cette douzaines d’oeuvres éclectiques, mixant techniques, univers et époques, attire l’oeil et démange les mains – ah, cet irrésistible tableau textile à composer à l’aide d’étoffes à superposer, pour donner vie aux belles dames et songes d’Orient de Baya, dont est ici exposée Femme et cithare (1966) ! La frontière est délibérément floue entre la contemplation et la mise en pratique, et le parcours se double de quelques réflexions théoriques – chronologie liée à la parité, coin lecture avec des ouvrages thématiques. Pour élargir le propos à travers les époques et les continents, les sociétés matrilinéaires sont mises à l’honneur dans un préambule. Une manière sensible et pertinente de s’emparer intuitivement des oeuvres, au lieu de les contempler en chiens de faïence.
JULIE BORDENAVE
Elles ! Femmes artistes dans les collections des musées de Marseille
Jusqu’au 27 juillet
Préau des Accoules, Marseille
musees.marseille.fr