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My Fair Lady soixante-huitarde

Avec son diptyque Liliane et Paul, Marc Lainé peint les deux volets d’une relation passionnelle et toxique, reflet des conflits de classe

1969. Dans un train, menant de Paris à la petite ville de Picardie dont elle est originaire, Liliane (Adeline Guillot) rencontre Paul (Vladislav Galard), professeur de philosophie et aspirant écrivain. Malgré la réticence initiale de la jeune femme, Paul force la conversation. C’est ainsi que commence leur histoire d’amour, et l’action de Nos Paysages mineurs, première pièce du diptyque que Marc Laîné consacre à ces deux personnages. En à peine plus d’une heure, le metteur en scène condense six ans d’une relation conflictuelle durant laquelle Paul, devenu auteur à succès, pousse sa compagne à s’émanciper de sa condition prolétaire, tout en s’offusquant quand elle échappe à sa domination, comme une sorte de My Fair Lady « gauchiste ».  

On suit l’évolution de leur relation à travers de courtes scènes séparées par des ellipses et se déroulant toujours dans la même cabine de train. Les comédien·ne·s sont filmé·e·s par plusieurs caméra, dont les images sont projetées en fond de scène. Une forme combinant théâtre et cinéma, accompagnée au violoncelle par Vincent Segal. Un dispositif complexe, parfaitement rodé, dont chaque aspect complète les autres. Et qui maintient l’attention du spectateur sur une histoire sans suspense, la rupture finale étant annoncée dans le sous-titre de la pièce. 

La rédemption ? 

Dans En Finir avec leur histoire, on retrouve nos deux protagonistes en 1992. Seize ans après leur rupture, Paul rejoint Liliane pour une heure de balade dans Paris – lui forçant encore une fois la main. Leur manière d’être, de parler, est la même. Et pourtant, ils ont changé avec le temps. Lainé met brillamment en évidence l’évolution des deux personnages, sans en trahir l’essence.

Dans cette deuxième pièce, le dispositif scénographique est plus sobre : pour simple décor, un réverbère, un banc sur lequel est assis Vincent Segal, deux tapis roulant permettant aux comédiens de marcher sur place, et sur l’écran en fond de scène des images de Paris en Super 8. Laîné s’autorise quelques fantaisies, comme des passages chantés, auxquels on peine à trouver un intérêt.

Cette sobriété relative est palliée par un récit plus engageant que dans la pièce précédente. On entrevoit ce que sont devenues chacune de leur vie – elle, prof et mère célibataire du fils qu’elle a eu de lui au lendemain de leur rupture, lui, auteur ruiné et rejeté par son éditeur – et les subtilités de leur psychologie respective sont mises à nue. 

CHLOÉ MACAIRE 

Liliane et Paul a été joué les 24 et 25 avril au Bois de l’AuneAix-en-Provence

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