Au Théâtre Massalia, la pièce jeune public Tout le monde est là parle de l’amour au XXIe siècle, sans ambages ni conformisme
Deux hommes s’embrassent sur scène : « Ooooh ! » s’exclament les ados venus en nombre voir Tout le monde est là du Rodéo Théâtre au Massalia. Un spectacle avec comédiens et marionnettes, au pouvoir évocateur si prononcé. D’une durée et d’une ampleur étonnantes pour le jeune public (1h45) ; mais à la fois nécessaires et suffisantes pour brasser sur plusieurs strates l’histoire de la même famille, celle du metteur en scène Simon Delattre. Dans une chronologie déstructurée, la pièce restitue peu à peu les branches de son arbre généalogique, et le fil rouge qui relie la génération de ses grands-parents, fondant un foyer hors-mariage en un temps où il n’en fallait pas plus pour choquer le voisinage, à celle de sa fille, née d’une GPA (gestation pour autrui), pratique controversée aujourd’hui. Des choix non-conformistes amenés sans juger le conforme, sans occulter leur coût social et affectif, misant sur l’intelligence des adolescents du XXIe siècle pour comprendre à quel point chacun, d’âge en âge, de décennie en décennie, fait de son mieux, slalomant entre idéaux, injonctions et aspirations personnelles. Sur le plateau, on parle avant tout de relations humaines. « C’est pas une question d’ADN ! » hurle Enki, la demoiselle aux deux papas, à son arrière-grand-père si farfelu, et pourtant bien de son époque, l’après-guerre. Ça non, l’amour, ce n’est pas une question d’ADN.
GAËLLE CLOAREC
Tout le monde est là a été donné au Théâtre Massalia les 25 et 26 janvier.