Ne pas confondre ! Marylou de Michel Polnareff c’est avec un « y », celle-ci met les points sur les « i » et se refuse à tout « y » patriarcal. Les deux créatrices de l’opus Mauvaise(s) Fille(s), Émilie Marsh, autrice, compositrice et réalisatrice, et Maryline Maillot, interprète et autrice, brossent des portraits de femmes en dix chansons, composées et écrites par Émilie Marsh à l’exception de Petite fille dont le texte est dû à Maryline Maillot.
Leurs mots se lovent au cœur des mélodies soutenues finement par des guitares aux sonorités qui flirtent avec la pop et le folk, le tout habillé de sons électro, de percussions efficaces et de chœurs (Maryline Maillot) qui offrent leurs échos. La voix de Maryline Maillot aborde les paroles avec une fine simplicité, en un phrasé sans fioritures inutiles. Les finales des chansons se plaisent parfois à des suspens abrupts qui laissent à l’auditeur la résonance des mélodies, tandis que d’autres prolongent leur magie en réitérations rêveuses…
La révolte s’arpège
La fausse innocence des cantilènes offre une distanciation ironique aux paroles parfois acides et aux passions exacerbées. « La joie de vivre » communicative de Seconde adresse suit celle, « légère », qui « scintille » et « ne veut pas choisir ». La liberté des corps et des esprits irrigue les vagues d’un « amour qu’on ne nous a pas appris ». Les personnages sont « comme le vent qui ose » même dans une Impasse Paradis, s’endorment « au cœur du volcan », « plonge(nt) et replonge(nt) dans l’autre vie » et « décide(nt) de faire (leur) chemin ». Si l’ivresse peut être recherchée dans les alcools interdits ou les choix de vie qui s’éloignent des routes communes, celles que les « braves gens » de la Mauvaise réputation de Brassens « n’aiment pas », elle rend hommage au courage d’être pleinement soi. Mauvaises filles, le titre éponyme qui clôt l’album, décline les multiples définitions de cette expression, tellement plus négative que sa version masculine, -une certaine aura en littérature entoure le « mauvais garçon » alors que la « mauvaise fille » est définitivement perdue-. Un disque pailleté où révolte et fête s’arpègent, lumineuses, comme leurs interprètes.
MARYVONNE COLOMBANI
Mauvaise(s) fille(s)
MARILOU
label marseillais Free Monkey Records