Tout commence dans une salle obscure. Seul un faisceau de lumière éclaire trois jeunes gens vêtus de noir, capuches vissées sur la tête, mains dans les poches. Ils fixent la fumée qui s’élève d’un feu imaginaire. Le décor est posé : nous sommes dans les rues de Belfast, cette ville marquée par trente ans de conflit et pour laquelle Oona Doherty écrit sa prière en quatre tableaux.
La chorégraphe apparaît ensuite, allongée au sol, simplement vêtue d’un t-shirt blanc et d’un bas de jogging. Derrière elle, pour seul décor, une immense cage en métal. L’espace sonore est occupé par des voix, des sons de rue et les paroles d’habitants de Belfast, sur fond de musique sacrée. OonaDoherty leur donne vie avec deux solos puissants, en ouverture et en clôture de la soirée : elle les danse, les incarne, les mime aussi, avec une intensité fascinante, traduisant jusque sur son visage les émotions de chacun. Hip-hop, capoeira et danse urbaine se mêlent dans sa performance brute et expressive.
Forts et tendres
Puis, les Sugar Army entrent en scène avec une énergie palpable. Ce sont de jeunes danseuses, recrutées dans chaque ville où le spectacle se joue. Vêtues de treillis et de bombers satinés aux couleurs vives, elles racontent le chemin chaotique de l’adolescence à travers des courses circulaires effrénées, un haka revisité, des parades aux allures de défilés de mode…
Dans le tableau suivant, deux interprètes aux allures massives de lutteurs, torses nus, avancent très lentement l’un vers l’autre pour finir enlacés. Ils luttent, se repoussent et se retrouvent à nouveau. A la fois forts et tendres – hard and soft – on y perçoit un choc des générations, une confrontation complexe des sentiments et des idées, au sein d’une même famille mais aussi au sein d’une même ville. Oona Doherty raconte son Belfast avec rage et poésie, témoignant ainsi des différentes facettes de ses habitants.
CÉLIANE PERES-PAGÈS
Spectacle le 1er mars au Pavillon Noir, Aix-en-Provence.
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