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Oona Doherty : « La danse nous permet d’abattre les frontières »

Rencontre avec Oona Doherty, chorégraphe irlandaise en création au Pavillon Noir

Zébuline. Vous êtes cette saison artiste associée au Centre chorégraphique. Pouvez-nous vous parler de votre relation avec ce lieu, et avec la France en général ?

Oona Doherty. La première fois que je suis venue au Pavillon Noir, nous y avions amené mon spectacle Hope Hunt, et Lazarus … Ensuite, j’ai amené mon spectacle Lady Magma et nous l’avons joué  en haut, dans le studio ici, le soir où le confinement a commencé. Donc, oui, j’ai présenté trois spectacles différents ici jusqu’à présent,  avec une immense joie. Hard to Be Soft, le spectacle que j’ai créé en 2017, sera joué ici le 1er mars 2025, et ensuite je créerai un nouveau spectacle avec le Ballet Junior, une nouvelle variation d’une chorégraphie créée avec la National Youth Dance Company, intitulée The Wall. Il y a beaucoup de chutes dedans, et la  bande sonore est une interview des danseurs et de leurs familles sur la nationalité et l’identité. 

Nous avions demandé à ces danseurs de 16 ans : « Qu’est-ce que cela fait d’être britannique ? Qu’est-ce qui est génial ou terrible en Grande-Bretagne ? ». Ils étaient si jeunes, et j’étais tellement contrariée par la Grande-Bretagne pour le Brexit … Et puis ils ont interviewé leurs grands-mères et leurs parents, et c’est ce qui a fait la bande sonore. Donc, je vais leur apprendre les mouvements, au Ballet Junior, mais je vais aussi leur demander ce que ça fait d’être français ou d’être en France, et nous allons faire la bande sonore à partir de leurs réponses. L’idée est de détruire les frontières dans notre tête, parce que… nous devenons juste chaque jour de plus en plus racistes et de plus en plus divisés. Donc, c’est une tentative de parler de ça.

Oona Doherty © Luca Truffarelli

Est-ce une question qui vous préoccupe particulièrement : le poids de l’identité et des origines ?

Je veux dire, surtout maintenant que j’ai déménagé à Marseille, je me sens vraiment irlandaise (rires). J’ai passé les premières années de ma vie en Angleterre, avant de revenir en Irlande : j’avais un accent londonien, ce qui n’était pas du tout apprécié par mes compatriotes ! Mais je me rends compte que j’ai la chance d’être avant tout une danseuse, et de côtoyer des gens de tous pays et tous horizons, tout en parlant avec eux le même langage, celui de la danse. Je pense que cet art a le pouvoir, plus que tout autre, d’abattre les frontières qui nous enferment.

Il est question, dans Specky Clark, votre dernière création, de folklore irlandais, et aussi de votre héritage familial …

Il est question de mon arrière-arrière-père, mais aussi de légendes puisées dans la base de données dédiée au folklore irlandais, The Dúchas, d’Orwell et de La ferme des animaux … et même de Billy Elliott ! La peinture, et même la narration, le texte, le spoken word, sont toujours présents dans mon travail. J’aime le nourrir d’influences diverses, venues de tous les horizons.

SUZANNE CANESSA

Specky Clark 
22 et 23 novembre
Pavillon Noir, Aix-en-Provence

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Suzanne Canessa
Suzanne Canessa
Docteure en littérature comparée, passionnée de langues, Suzanne a consacré sa thèse de doctorat à Jean-Sébastien Bach. Elle enseigne le français, la littérature et l’histoire de l’Opéra à l’Institute for American Universities et à Sciences Po Aix. Collaboratrice régulière du journal Zébuline, elle publie dans les rubriques Musiques, Livres, Cinéma, Spectacle vivant et Arts Visuels.
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