mercredi 17 décembre 2025
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Passer de l’autre côté

Aux éditions Wildproject, rencontre avec Jeanne Mermet, une jeune autrice « désert'heureuse »

Désertons ! Sur sa couverture rouge et noire, le livre de Jeanne Mermet, co-édité par Wilproject et Les Liens qui Libèrent, brandit le poing de manière résolue. « Ce vocabulaire guerrier n’est pas venu tout de suite, raconte la jeune autrice. Moi, j’ai simplement dit, au départ, que je ne voulais pas travailler. » Pas, en tout cas, dans la voie toute tracée par des études brillantes à l’école Polytechnique. Comme d’autres ingénieurs de sa génération, elle a décidé de « bifurquer », quitter une carrière prometteuse, mais qui l’aurait menée « à faire la guerre aux vivants » en multipliant les technologies intrusives et polluantes.

Apprendre à ne pas

Jeanne Mermet était censée modéliser des réseaux électriques trans-européens, au nom de politiques énergétiques clamant leur volonté de décarboner l’économie. « Je ne voulais pas contribuer à une transition qui n’a d’écologique que le nom. Car en vérité, on ne change pas les modes de production d’énergie, on en rajoute, dans un système désastreux et colonialiste, basé sur l’exploitation des ressources. Au Congo, par exemple, l’extraction du coltan*, cobalt, et bientôt lithium se fait au prix de déplacement de populations, violences faites aux femmes. Il faut lever le voile sur le complexe militaro-industriel, qui emploie des ingénieurs dont j’aurais pu faire partie. »

Dans le public attentif, serrés sur les canapés des éditions Wildproject, beaucoup de jeunes, parfois eux-mêmes ingénieurs, se demandent comment bifurquer à leur tour. Faut-il tenter d’agir « de l’intérieur », dans les rouages d’un système capitaliste conduisant l’humanité dans le mur ? Faut-il montrer l’exemple en s’investissant dans des alternatives décroissantes ?

Ces choix ne sont jamais faciles, même si, Jeanne Mermet le rappelle, en refusant d’être héroïsée, « dans les milieux privilégiés, nous avons des filets de sécurité, pour rebondir socialement ; la prise de risque est limitée ». Depuis sa désertion, elle a rallié les luttes citoyennes, en commençant par celles menées en Aveyron contre un mega-transformateur, ou contre le nucléaire. « J’ai rejoins le camp d’en face. Avec mes études, je peux aller lire entre les lignes des projets de RTE*, cela me permet de dire que c’est une grosse farce. »

GAËLLE CLOAREC

La rencontre avec Jeanne Mermet a eu lieu le 10 décembre aux éditions Wildproject, Marseille.

* minerai critique pour nos appareils électroniques

** Réseau de Transport d'Électricité, filiale d'EDF
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