Zébuline. Le festival, associé au Centre Soléa, à Marseille, a été créé en 2019. Comment a-t-il émergé ?
Maria Pérez. Le Centre Soléa est né en 1994, et après des années de création d’événements, j’ai été contactée par l’école de flamenco d’Andalousie, pour que Soléa soit le siège officiel de cette fédération en France. Une reconnaissance exceptionnelle, depuis l’Espagne, d’un lieu de formation professionnelle et de création. C’est lui qui m’a poussé à lancer le festival en 2017, quand il a réalisé que Marseille était un point d’ancrage vers l’Europe. J’ai voulu que ce soit un festival régional. C’est pour cela que ça dure un mois et qu’on se produit à Marseille, Digne, Aix, Arles, Niolon, Avignon, Istres, Martigues et Ollioules.
La culture flamenca a-t-elle évolué ces dernières années ?
Le flamenco est un phénomène mondial en mutation constante. Un art issu d’un peuple analphabète composé de juifs, de gitans, d’arabes et de noirs africains. Exploités et exclus par la nouvelle Espagne catholique et blanche, ils ont créé la culture flamenca, qui est une des expressions artistiques les plus abouties du pourtour méditerranéen. À Marseille, ville cosmopolite, bourrée d’artistes, elle trouve un écho, et s’ancre dans une culture de solidarité : on a un projet A Pulso, auprès de femmes migrantes et en détresse sociale, un autre auprès de trisomiques.
Quels spectacles pour cette édition ? Des créations ?
Pas de création mondiale mais des spectacles récents, en particulier à la Friche Après vous Madame et l’Envol du Tacon et à la Cité de la Musique En Casa de Los Bolecos. C’est notre spectacle d’ouverture, et on en est très fiers ! Le guitariste Manuel Gomez, issu d’une lignée de gitans qu’on appelle Los Bolecos, a fait venir deux artistes de Séville Pepe de Pura et Juan José Villar. Los Bolecos sont héritiers, depuis des générations, d’un style très particulier. D’ailleurs, le thème de cette 7e édition « Créateurs de styles », rend hommage à toutes les avant-gardes. On le retrouve à Istres avec David Coria, ou avec les jeunes femmes à la Friche qui sont des créatrices de style.
Justement Ana Pérez, votre fille, est très en vogue en ce moment…
Elle est l’artiste phare de la tribu Soléa, et une figure emblématique de Marseille puisqu’elle a du sang cap-verdien, antillais et espagnol. Elle a une ouverture contemporaine et une fibre africaine, avec une technique flamenca très poussée parce qu’elle a vécu 8 ans à Séville. Elle a sa signature, et danse comme personne. Paula Comitre est de cet acabit aussi, elle va danser, seule avec un pianiste, dans une robe rouge et une matière gonflable complètement organique. On a l’impression qu’il y a un animal sur scène !
Que doit-on attendre de la journée de clôture ?
La gare désaffectée de Niolon a été louée à T’CAP21, une association de parents de trisomiques. On commence à 11h, on danse sur le port au bord de l’eau, on remonte pour la paëlla géante, puis on fait un tablao avec La Repompa, qui donnera une masterclass. Finir ainsi, c’est une chance.
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR LILLI BERTON FOUCHET
Flamenco Azul
Du 15 mars au 13 avril
Divers lieux, Région Sud
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