En deux temps et dans une multitude de mouvements, le festival Propagations s’est ouvert ce vendredi 3 mai à la Friche la Belle de Mai. Le rendez-vous annuel du Centre national de création musicale proposait en ouverture deux installations sonores où mécanique et acoustique s’entremêlent : Fixin de Sylvain Darrifourcq, et Autonomics de Kinda Hassan. Toutes deux visibles jusqu’au 12 mai.
Fixin
Sur le plateau, six toms basses, une cymbale, et une caisse claire. Tout est bien aligné, martial. Sur chacun des toms, des petites installations mécaniques motorisées qui une fois actionnées sonneront le rythme et la mélodie. Et bientôt le noir, les flashs, et le public est plongé dans une constellation de sons inquiétants, abrupts. La parfaite synchronisation de la lumière, souvent stroboscopique, et du son, place le spectateur dans un inquiétant malaise, et l’expérience qui dure neuf minutes propulse le cerveau dans des contrées inattendues. Imaginée par Sylvain Darrifourq, Fixin trouble par l’absence de toute humanité, et laisse entrevoir un monde que l’on ne peut désirer : celui des machines, de l’intelligence artificielle, et de la musique sans âme. Un espace où l’être humain n’a pas sa place.
Autonomics
Plus loin, au sein du GMEM, on observe la proposition de l’artiste multimédia Kinda Hassan. L’espace est divisé en deux : d’abord une salle d’écoute, cerclée de quatre haut-parleurs, où l’on entend des sonorités brutes, un chant des baleines électrique, tout en résonance et douceur. Puis on pousse un rideau, et on découvre l’objet de ces sonorités inattendues. Une sculpture pyramidale, faite de bruit et de broc : une corde de guitare en son centre, une éponge métallique, des freins de vélo (?)… L’automate-musical se meut, et produit des frictions sonores qui résonneront dans un dispositif dont on ne décèlera pas tous les secrets. La scénographie comme le son est poétique, fine et ingénieuse.
Et aussi
Outre ces deux installations, le week-end d’ouverture de Propagations proposait aussi Compositions sonores pour cinéma expérimental de Javier Elipe Gimeno, ainsi qu’une production du Marseille Labo Lab autour d’Haxan la sorcellerie à travers les âges et un après-midi d’écoute au Couvent Levat du travail des élèves du Conservatoire Pierre Barbizet et de la Cité de la Musique. Le festival se poursuit avec notamment Memento de Jérôme Combier et En mon for intérieur de Alvise Siniva le 9 mai à la Friche.
NICOLAS SANTUCCI
Propagations se poursuit jusqu’au 12 mai à Marseille.