Impulsée par François Cervantes, la nouvelle création du Collectif Kahraba se construit depuis plusieurs années, avec des allers-retours entre la France et le Liban pour nourrir le processus. Elle est née suite à la collaboration initiée en 2021 lors de la reprise du spectacle Arletti à l’étranger au Liban : Et le cœur ne s’est pas arrêté est une création théâtrale portée par un désir partagé, celui de raconter les mondes d’aujourd’hui, entre les fissures d’une maison, les mémoires blessées, les absences et les fantômes d’un pays en crise en questionnant l’exil et la transmission des histoire familiales et collectives. Bâtie comme œuvre hybride, Et le cœur ne s’est pas arrêté s’érige comme un pont fragile entre deux rives où se mêlent mémoire, exil, héritage et utopie.
Sur scène, trois interprètes –Éric Deniaud, Aurélien Zouki et Tamara Badreddine- incarnent une maison ancienne, vaste, labyrinthique. Leurs corps, leurs gestes, leurs silences dessinent une géographie intime, faite de récits d’absence, de visages disparus, de vies fragmentées, où chaque mouvement devient un écho des histoires invisibles qui nous habitent.


© collectif Kahraba
Entre absence, mémoire et fragilité
Le style singulier du Collectif Kahraba, héritier d’un théâtre de la marionnette, du masque, du burlesque et de la fable, s’est rarement confronté à d’autres mondes théâtraux depuis la naissance du collectif en 2007. Leur travail promet cependant de trouver un bel écho dans se l’approche volontiers pluridisciplinaire de François Cervantes, qui signe ici à la fois le texte et la mise en scène. Son univers littéraire est toujours travaillé par un sens aigu de l’image et du rythme, oscillant entre poésie et intensité dramatique.
La scénographie, volontairement dépouillée, installe une maisonnée imprécise, sensible, discrète ; le décor, un simple mas de terre, devient le cœur même de l’œuvre, un corps fragile, fissurable, mais capable de résister. La direction d’acteurs, assurée par son interprète fétiche depuis près de 40 ans, la formidable Catherine Germain, promet de guider le spectacle vers son art singulier de la pantomime et du clown. Vers un équilibre passager, entre abstraction et matérialité, entre drôlerie et tragique, entre fable et brûlure du monde. Et le cœur ne s’est pas arrêté invite à habiter l’incertain, à ressentir ce que signifient la perte, l’absence, la blessure. Mais aussi, et surtout, l’entêtement au rêve.
SUZANNE CANESSA
Collectif Kahraba
Et le cœur ne s’est pas arrêté
9 décembre
Atelier Petite migration
Fabrication de maisons de papier
10 au 12 décembre
Atelier de chant avec Donna Khalifé
du 11 au 13 décembre
Théâtre de la Joliette, Marseille
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