Spécialiste des questions climatiques, animateur du podcast et de la newsletter « Chaleur humaine » Nabil Wakim documente un impensé de l’enseignement en France : l’arabe est-il une Mauvaise langue ?
Alors qu’en France le parler populaire a toujours puisé largement dans des mots d’origine arabe, la langue reste peu valorisée, voire marginalisée. Pis encore, les locuteurs eux-mêmes s’en détourneraient. C’est sur ce constat que le documentaire commence, pour explorer le rapport qu’entretiennent ceux qui héritent de l’arabe en France.
Si de nombreux témoins expriment le sentiment de honte, de rejet ou de stigmatisation rencontrés dans leur parcours scolaire ou professionnel, le film, adapté du livre « L’Arabe pour tous », dévoile également le rapport complexe entretenu par les institutions avec la langue arabe dans une France marquée par l’héritage colonial, et par l’injonction générale au monolinguisme.
Histoire d’un non-enseignement
Le développement des ELCO, enseignement de la langue et de la culture d’origine, institué en France dans les années 1970, avait pour objectif de permettre aux enfants des familles immigrées d’apprendre la langue d’origine au sein de l’école publique. En 1977 Lionel Stoléru, secrétaire d’État chargé de la condition des travailleurs immigrés a instauré une « aide au retour » financière, surnommée le « million Stoléru ». L’ELCO et le million visaient à encourager les immigrés à retourner dans leur pays d’origine, un dispositif qui a maintenu la réalité de l’option du retour, et qui concernera à peine 100 000 étrangers, principalement des Espagnols, Portugais et Maghrébins.
Aujourd’hui les chiffres sont clairs : l’arabe est parmi les langues les plus parlées au monde avec près de 345 millions de locuteurs natifs. En France, on estime qu’il y a 4 millions de locuteurs, en particulier dans les populations immigrées ou descendants d’immigrés du Maghreb et du Moyen-Orient.
Mais force est de constater que dans l’Education Nationale, la place de la langue arabe reste très marginale : à la rentrée 2020, quelques milliers d’élèves apprenaient l’arabe dans les établissements publics. En donnant la parole aux enseignantes comme Zeineb Zaza ou Assia Zegaoula, le film témoigne des difficultés comme de l’enjeu de partager les passerelles culturelles et linguistiques. Davantage assignée à une langue communautaire que professionnelle, l’arabe reste marginalisé.
Pluralité et diversité
Le film n’aborde pas d’autres questions, telles que le syncrétisme linguistique, l’acculturation entre arabe, darija, amazigh, français et parler populaire, ni l’impact dans la transmission entre une langue maternelle parlée au sein d’un couple mixte ou non mixte…
Les pratiques artistiques sont, sans aucun doute, l’illustration la plus démonstrative de la vitalité de cette langue. Les expériences de Wary Nichen, humoriste, de Rachid Sguini, bédéiste, illustrent combien cette langue refuse d’être silenciée et ressurgit dans l’espace créatif français. Alors si tu la parles même chouia, maaliche maaliche…
Samia Chabani
Traverser avec Nabil Wakim
le 22 novembre à 11h
La Criée
Entrée libre, réservation conseillée
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