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Rodolphe Menguy enchante Marseille

Le jeune pianiste était invité par la Société des amis de Chopin ce 6 mars à la salle Musicatreize

À 27 ans, Rodolphe Menguy a déjà une très belle carrière à son actif. En Région Sud, on a pu l’entendre au Festival international de piano à La Roque d’Anthéron et à Lourmarin. Il n’était jamais venu à Marseille. Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître car le jeune pianiste a littéralement conquis le public marseillais réuni salle Musicatreize. 

Sa maturité étonne lorsqu’il présente avec force détails les deux sonates en si mineur qu’il va interpréter : « Deux œuvres complexes et profondes. Celle de Chopin a été composée un an avant sa mort. Il était déjà gravement malade. Elle est emplie de noirceur mais avec des moments lumineux intenses. Celle de Liszt est titanesque ».

Le pianiste débute son concert avec le Prélude op.45, à la légèreté évanescente puis enchaîne sur Nocturnes op 62. Sa finesse de jeu, sa jeunesse, sa grande élégance et son agilité impressionnante se prêtent à ce répertoire qu’il joue droit, sans aspérité, sans pathos inutile ou superflu, mais avec une intelligence joueuse et avec une parfaite fluidité. C’est juste, efficace. Le résultat est magnifique.

Puis le pianiste se lance dans la Sonate N°3 en si mineur de Chopin. La première, la moins connue, est une œuvre de jeunesse, la seconde Op.35 est très célèbre notamment pour sa Marche funèbre, la 3e est pour Menguy la plus intéressante, la plus monumentale, la plus construite aussi avec ses quatre mouvements : un Allegro, un Scherzo, un Largo qui évoque les Nocturnes et un Final « déchirant qui semble emmener vers la mort ». 

Une sonate Blockbuster

Menguy introduit la seconde partie avec une berceuse onirique de Liszt puis annonce la sonate en si mineur du compositeur expliquant comment à 17 ans, il s’est perdu dedans « tellement il y a à explorer, travailler, découvrir. Cette sonate est un Blockbuster, l’œuvre des superlatifs qui demande une rigueur toute particulière pour être à sa hauteur ». La plupart des pianistes s’attaquent jeunes à cette œuvre, quand leurs moyens physiques et pianistiques leurs permettent de suivre le rythme époustouflant de cette cavalcade ininterrompue. Plusieurs interprétations ont été donné a cette sonate, la seule de Liszt : elle représenterait le bien contre le mal, le paradis versus l’enfer. D’autres y voient le mythe de Faust et de Méphistophélès. 

Elle débute par trois Sol répétés, les plus graves du clavier, comme annonçant le début d’une représentation, puis c’est l’explosion, un train musical lancé si rapidement que l’on peine à suivre les mains du pianiste devenues floues et qui évoluent comme en accéléré. Avec d’immenses expirations Menguy va chercher la canalisation et la concentration de l’énergie. Dans la salle, le public retient son souffle comme devant une représentation de trapèze volant. C’est une vraie claque. A la note finale, c’est l’ovation, méritée. Mercy Menguy.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Le concert s’est déroulé le 6 mars salle Musicatreize, Marseille. 

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