Trois Grammy Awards, prix Thelonius Monk, prix Django Reinhardt, Cécile McLorin Salvant s’affirme comme l’une des étoiles du jazz contemporain. Née aux Etats-Unis mais entrée au Conservatoire d’Aix-en-Provence en 2007 en classe de chant lyrique, elle est remarquée par le professeur de jazz et saxophoniste Jean-François Bonnel. C’est à lui qu’elle dédiera le concert donné dans la belle acoustique du théâtre des Salins de Martigues aux côtés de l’Orchestre national Avignon-Provence dirigé par Bastien Stil et de ses fantastiques musiciens, Sullivan Fortner (piano, orgue), Kush Abadey (batterie) et David Wong (contrebasse).
A star is born
Le concert sous forme de carte blanche permettait de découvrir la riche palette de cette artiste qui chante aussi bien les standards de jazz que des pépites de la chanson française, liant son amour de la mélodie et celui des mots, passant de versions orchestrales à l’intimité d’un trio de jazz ou d’un solo piano/voix. La beauté et maestria des variations de registre, écarts acrobatiques d’octave, modulations superbement maîtrisées, sûreté des attaques, amorces en pianissimo dans les aigus, plongées dans des graves veloutés… se rehaussent d’une approche fine et intelligente des œuvres, une articulation parfaite et un sens aigu des tempi et des phrasés.
En ouverture, l’Orchestre national Avignon-Provence offrait le bel équilibre de ses pupitres avant de suivre la chanteuse et ses musiciens dans une exploration délicate où se croisent Chris Barber, Duke Ellington, des extraits de comédies musicales. En référence à son costume coloré, elle interprète Send in the Clowns d’A Little Night Music, composée par Stephen Sondheim pour Glynis Johns, immortalisé par Sarah Vaughan. L’artiste explique brièvement l’enjeu des textes anglais, précise la distance entre la prononciation du patronyme de Sarah Vaughan et son orthographe, parle d’amours ratées, d’amours heureuses, de revirements, de souvenirs. On relit les Parapluies de Cherbourg à la suite de Michel Legrand, on retrouve ensemble le sentiment d’être vivant !
En bis La route enchantée de Charles Trenet vient célébrer la « jolie fête du printemps » où « l’amour est le plus beau poème ».
MARYVONNE COLOMBANI
Ce concert a eu lieu le 5 mai, Scène nationale des Salins, Martigues