Oui, c’est la 31e édition du Festival international de musique de chambre de Provence et son trentième anniversaire, (les mêmes discussions entre les tenants de l’entrée dans le XXIe siècle, 2000 ou 2001, peuvent reprendre !). Quoi qu’il en soit, cet ovni génial parmi les festivals de l’été souffle sa bougie trentenaire avec le même talent et la même espièglerie qu’à ses débuts.
En 1993, les trois comparses, Éric Le Sage (piano), Paul Meyer (clarinette) et Emmanuel Pahud (flûte), étaient réunis dans une petite chapelle de Vernegues pour un concert qui pouvait permettre le classement du bâtiment aux répertoire des monuments historiques, seule façon de le préserver du passage destructeur du projet d’une ligne TGV. L’idée d’un festival s’imposa alors, moment de retrouvailles conviviales des trois amis qui très vite invitèrent d’autres amis musiciens, la plupart solistes confirmés (ou en passe de l’être). Pas de cachet (si ce n’est celui reversé à l’association de bénévoles qui organise les côtés matériels indispensables, accueil, location des pianos…), ceux qui viennent là sont mus par le plaisir de faire de la musique avec des êtres qu’ils apprécient. Ce qui ne nuit en rien à la qualité des interprétations, ni à l’exigence des programmes !
Aujourd’hui une trentaine de solistes de premier plan viennent à Salon-de-Provence, jouent dans la belle cour du château de l’Empéri, sous les voûtes intimes de l’abbaye de Sainte-Croix, dans l’église Saint-Michel, selon les configurations des ensembles, les pièces interprétées, classiques, contemporaines, créations mondiales, et la magie éclot chaque fois, même lorsqu’il ne s’agit « que » de répétitions publiques, on a l’impression alors d’entrer dans les secrets des alchimistes musiciens.
Une bonne intuition
Plus de vingt concerts vont résonner cet été, chacun assorti d’un nom aux consonnances mutines ou poétiques : en ouverture, French Connection qui réunit les trois fondateurs, un concert anniversaire à marquer d’une pierre blanche, ou le potache Gershwin gomme ou le clin d’œil verlainien, La bonne chanson avec une familière du festival, la mezzo-soprano Marina Viotti qui a reçu le prix artiste lyrique aux Victoires de la Musique 2023 (l’intuition des fondateurs est toujours d’une irréprochable justesse : les jeunes musiciens qu’ils invitent connaissent des carrières et des récompenses de haut vol, on peut aussi citer cette année le violoncelliste Aurélien Pascal, lui aussi « Victoire de la Musique 2023 »).
Un grand nom du théâtre est invité lors de cette édition : Lambert Wilson sera le récitant du Carnaval des animaux auquel le pianiste et compositeur Albert Guinovart a composé un écho : Carnaval (création mondiale). L’électronique débarque aussi au festival avec le clavecin électrique d’Orlando Bass. À noter l’escapade aixoise avec Olivier Latry, titulaire des orgues de Notre-Dame de Paris qui viendra essayer les belles sonorités de l’orgue de l’auditorium Campra avec sa conjointe, immense organiste aussi, Shin Young et la complicité d’Emmanuel Pahud. Tout citer, ce n’est pas possible, une seule chose est certaine : les meilleurs solistes du monde ont bien rendez-vous à Salon !
MARYVONNE COLOMBANI
Festival international de musique de chambre de Provence
28 juillet au 5 août
Divers lieux, Salon-de-Provence
06 26 76 17 95
festival-salon.fr