« L’élève a dépassé le maître » se félicite Alain Pélissier, professeur du Conservatoire et alto solo de l’Opéra de Toulon. C’est à son initiative et grâce au soutien d’Aude Portalier, directrice du Conservatoire Pierre Barbizet que se sont déroulées deux journées exceptionnelles qui ont permis à des élèves de travailler sous les conseils de la désormais star de l’alto.
Originaire de Marseille, Sindy Mohamed débute cet instrument à huit ans dans ce même Conservatoire avant de poursuivre ses études au CNSM de Paris. Lauréate de concoursprestigieux, la jeune franco-égyptienne se distingue aussi par son engagement. Membre du West-Eastern Divan Orchestra fondé par Daniel Barenboim, elle soutient activement les musiciens exilés via l’association Pax Musica.
Le récital débute en mettant à l’honneur douze élèves dans un melting pot d’œuvres mêlant Bartók, Schubert et Mozart. Une belle entrée en matière ludique et musicale. Puis l’altiste vedette monte sur scène accompagnée du pianiste Olivier Lechardeur. Elle va offrir à un public recueilli – malgré la présence de dizaines d’enfants souvent très jeunes – un récital subtil et puissant.
Le programme s’ouvre avec la Sonate n°1 en fa majeur de Johannes Brahms alliant lyrisme romantique et architecture classique. Profondeur dans le premier mouvement, tendresse dans le second et fougue dans le dernier… L’interprétation de Sindy Mohamed est d’un raffinement intense. Dans sa belle verticalité, ses gestes amples, sa souplesse dans l’effort, l’altiste rayonne même quand la chaleur malmène un instrument rebelle qu’elle peine à accorder.
Un instrument de l’entre-deux
Vaillante, elle se lance en solo les Trois Danses en do majeur de Jean-Sébastien Bach, initialement composées pour violoncelle et transcrites à l’alto, imposant une technique virtuose. Contrairement au violon, le répertoire pour alto solo est rare n’ayant jamaisbénéficié de la faveur des compositeurs. Et quel dommage se dit-on à l’écoute de ce timbre velouté, plus chaud que celui du violoncelle, moins métallique que celui du violon. Un instrument de l’entre-deux à la fois grave et léger.
Un compositeur en revanche a témoigné de sa passion pour l’instrument. Il s’agit duvioloniste Henri Vieuxtemps qui a écrit le Caprice pour alto seul (1860,) pièce est considérée comme une déclaration d’amour à l’alto solo. Sindy l’interprète comme tel devant une salle en sidération. Elle enchaîne avec la Phantasy pour alto et piano de York Bowen (1918). Leconcert s’achève avec une petite pièce élégante pour alto et piano, Op. 5 de Louis Vierne (1894) plus connu, il est vrai pour son œuvre pour orgue. Un grand moment musical.
Le récital s’est déroulé le 3 mai au Conservatoire Pierre Barbizet, Marseille.
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