mercredi 4 juin 2025
No menu items!
Plus d'infos cliquez ci-dessousspot_img
Plus d'infos cliquez ci-dessousspot_img
Plus d'infos cliquez ci-dessousspot_img
AccueilScènesS’opposer au Non du père

S’opposer au Non du père

Dans le cadre de son festival confit !, qui conjugue théâtre et cuisine, la Scène nationale de Cavaillon accueillait un spectacle d’Ahmed Madani sur la filiation

Il est un des auteurs français de théâtre les plus publiés et les plus joués, précurseur d’un théâtre du réel écrit et joué par des non professionnels, à partir de leurs histoires. Celle d’Anissa est particulièrement touchante. Créé en 2021, le spectacle est une petite forme qui joue avec les limites du théâtre : elle n’est pas comédienne (et pourtant), la scène représente « sa » cuisine où elle fabrique des pralines et des fondants au chocolat (une odeur délicieuse flotte dans la salle !), elle reste dans le récit direct et ne joue pas (quoique) et Ahmed l’accompagne sur scène, comme il l’a suivie, parrainée, jusqu’à son rendez-vous avec son père.

Car l’histoire d’Anissa (qui ne veut pas donner son nom) est celle d’une enfant reniée, née d’une mère aide-soignante et d’un père médecin, qui ne veut pas d’elle, mais aurait accepté de reconnaître un garçon. Un père qui dit non quand il s’agit de donner son nom. Un père qui ne veut même pas du nom de « père », et se dit « géniteur ». Un père dont elle n’a rien : ni adresse, ni souvenir, ni lettre, ni photo, ni mots, sinon ceux de sa mère, qui ment un peu pour la protéger.  

À ce non absolu Anissa adulte répond en femme forte, mère de cinq enfants, entraînée dans l’aventure théâtrale de F(l)ammes où elle jouait une Pénélope insoumise. Guidée par Ahmed qui lui fait entendre qu’elle peut à son tour opposer un « non » à son père, qui a quitté la France, son prénom arabe et sa profession de médecin pour ouvrir une boulangerie française aux États-Unis, elle va l’obliger à la rencontre. 

Les diverses fins possibles se construisent, du rejet violent au silence, ou à l’adoption symbolique. Ahmed aussi se livre, parle de son père qui ressemble à celui d’Anissa, évoquant encore ces exils dans la périphérie de villes où les liens familiaux se construisent difficilement. Mais où aucun déni ne saurait vaincre la force d’un destin qu’on prend en main sans s’arrêter au non des pères, ou des fils.

AGNÈS FRESCHEL

Au non du père a été joué à la MJC de Cavaillon les 23 et 24 mai dans le cadre du festival confit !.

Retrouvez nos articles Scènes ici

Article précédent
Article suivant
ARTICLES PROCHES
- Plus d'infos, cliquez ici -spot_img

Polyphonie amoureuse

Difficile de ne pas être touché en plein cœur par le documentaire de Chloé Barreau. L’expérience de l’amour est universelle. Les personnes qui en parlent...

Chœurs à l’ouvrage

Le Week-end des Chœurs à Marseille, c’est un peu la grande réunion de famille du chant choral amateur. Chaque groupe apporte sa couleur, son énergie, son...