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Sous la vieille cagole

Avec La Bonne mère, Mathilda di Matteo met en scène une très belle relation mère-fille sous le soleil des Catalans, la Garde de Notre Dame, et le spectre de la violence

Le roman commence de façon alerte et drôle, par une alternance de points de vue entre une mère, Véro, très marseillaise – version sud littoral, plage, verbe haut et copines chouettes – et sa fille unique, Clara, transfuge de classe partie à Paris faire sa thèse et enseigner à Sciences Po. La comédie, dès l’entrée, parle finement de l’amour paradoxal qui lie ces deux femmes apparemment très dissemblables, une relation complexe où cohabitent envie et tendresse, fierté et incompréhension, honte et honte d’avoir honte, le tout pimenté d’un agacement réciproque. 

La plume très vive, familière, orale, de Mathilda di Matteo, sent le vécu, l’expérience d’une Marseille populaire (celle des quartiers Sud), et d’un Paris grand bourgeois, celui des ultra catholiques PAM (Pas Avant le Mariage) qui prend ses congés dans un château familial breton et pratique le collectivisme genré des très riches.

Bref, l’opposition n’est pas tant entre Marseille et Paris qu’entre deux classes sociales, et on se demande vite pourquoi Clara veut partir si loin de sa mère, si attachante, qui pratique certes la nudité tonitruante et la réprobation tacite, mais semble comprendre sa fille comme on lit dans un livre aimé. Les hommes là-dedans, le fiancé poli au cou trop long, le père taciturne et napolitain (pléonasme ?), le tonton très raciste semblent effacés et sans volonté. Sans point de vue narratif, leurs pensées et motivations sont floues et sans teneur…

Points de vue partiels

Le talent de l’écrivaine tient, justement, dans sa maîtrise narrative de l’esbroufe et du sous-jacent. Sans jamais céder à la carte postale corniche et soleil brûlant, ou à la joliesse descriptive des phrases, elle fait tenir tout son roman dans l’action : les gestes, les phrases échangées, mais surtout ce qui se tait, s’exprime entre les lignes, et demeure inconscient des deux narratrices qui prennent successivement la parole, mais ne (se) disent pas tout. 

Ainsi La Bonne mère avance dans ses non-dits, le roman prend peu à peu une épaisseur, une force, qui laissera loin le folklore marseillais, pour parler de violences enfouies. D’abandons, de chocs, d’amour, de la tête d’une petite fille qui vient se lover contre un sein. De la maternité, de la sororité, et de cette féminité intangible qui nous fait dire que Marseille est belle, et que Paris est beau.

AGNÈS FRESCHEL

La Bonne mère, de Mathilda di Matteo
L’iconoclaste
Paru le 21 août

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