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Le Mucem côté piles 

Du musée de Marseille, tout le monde connaît les bâtiments du J4 et du fort Saint-Jean. Moins son Centre de Conservation et de Ressources de la Belle de Mai. Jusqu’au 8 mars, l’exposition La vie secrète des collections propose de le découvrir

Qui n’a jamais eu envie d’aller visiter les coulisses d’un musée ? Voir comment les équipes travaillent dans ses réserves, comment les objets sont classés, répertoriés, protégés… C’est à cette curiosité que répond La vie secrète des collections au Centre de Conservation et de Ressources du Mucem. Inauguré à la Belle de Mai en 2013, ce bâtiment, minéral et sobrement majestueux, signé Corinne Vezzoli, abrite un million d’objets et documents qui constituent les réserves du musée national, et avec elles une mémoire de nos sociétés. Dans cette exposition visible jusqu’au 8 mars 2024 on  découvre certains de ces objets, autant pour ce qu’ils racontent d’eux-mêmes, que ce qu’ils nous disent du travail des équipes. 

L’équipe se réserve le droit d’entrée

On pouvait s’en douter, ne rentre pas dans les collections d’un musée national qui veut. Dès le début du parcours, aidée par des infographies précises, l’exposition présente le processus d’acquisition d’un objet dans ses réserves. Certains nécessitent une « enquête collecte », une singularité du Mucem où des chercheurs vont sur le terrain observer un sujet, rassembler des témoignages, et constituer un dossier qui permettra de contextualiser les objets et documents collectés. 

Cette démarche est illustrée à travers un lingot d’aluminium et son moule, récoltés en Égypte en 2014 dans le cadre de l’enquête « Économie des déchets en Méditerranée ». Autour d’eux, des photos montrent des recycleurs d’aluminium, travaillant à mains nues dans ce qu’il semble être les bas-fonds du Caire, entre un four incandescent, amas de canettes usagées et suite de lingots à même le sol. Des moules qui pouvaient nous apparaître si anodin prennent soudain tout leur sens. 

Ça coulisse

Le travail ne s’arrête pas là. Une fois l’objet acquis, il est recensé dans un registre, avec photo, informations diverses, et frappé d’un code barre pour le localiser dans les réserves. C’est ce processus qui a accompagné deux statuettes lituaniennes du XIXe siècle présentées dans l’exposition. Celles-ci posent à côté d’une photographie où on les voit dans l’appartement de Jurgis Baltrusaitis, historien de l’art et ancien propriétaire, qui a œuvré pour le rapprochement culturel entre la France et son pays. Encore une fois, le travail de contextualisation nous en dit bien plus que l’objet lui-même.

Pour les équipes, il s’agit ensuite de bien conserver ce patrimoine. L’exposition présente pour cela le travail effectué autour d’une marionnette sicilienne. Celle-ci est emballée dans une housse, qui prend soin de ne pas être en contact avec l’objet qu’elle protège, aidée par des tringles, mousse et des fils. Un ouvrage savamment pensé par l’équipe d’installateur·e·s du musée, qui veille également à la surveillance sanitaire des collections (température, infestations…).

L’exposition ouvre aussi de nombreuses autres questions. Celle de la restauration évidemment, mais aussi de l’intérêt patrimonial d’accueillir tel objet ou non. Car Marie-Charlotte Calafat, responsable du département des collections et des ressources documentaires, nous le rappelle : ceux-ci deviennent automatiquement « inaliénables », et il ne s’agirait pas d’encombrer ce bien si précieux qu’est notre mémoire. 

NICOLAS SANTUCCI

La vie secrète des collections à la Belle de Mai
Jusqu’au 8 mars
Centre de Conservation et de Ressources, Marseille
mucem.org
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