Des femmes, des jeunes, de l’émergence, des questions et des formes, le Festival Parallèle annonce sa 14e édition, fidèle à ses principes. Entretien avec Lou Colombani, sa fondatrice et directrice
Zébuline : Comment se porte Parallèle après la fermeture de Coco Velten ?
Lou Colombani : Le Théâtre Joliette nous héberge, pour 6 mois. On espère vraiment que la Friche, que nous avons sollicitée, pourra prendre la suite, et ceci durablement. Aujourd’hui des lieux ferment, mais nous n’avons jamais eu de toit, en 18 ans. Nous sommes passés de lieu d’accueil en lieu d’accueil, et aujourd’hui on en a marre…
Au-delà du Festival, qu’est ce que c’est que Parallèle ?
C’est une structure dédiée aux pratiques émergentes internationales, qui accompagne la création contemporaine et travaille à son partage par le plus grand nombre. Nous fabriquons des outils pour pouvoir repérer les artistes dès leur entrée dans les circuits artistiques, pour les aider à concevoir et à produire, à créer, puis à diffuser. Sur plusieurs spectacles la plupart du temps. Ainsi on a repéré Maud Blandel sur son projet de fin d’études, qu’elle a proposé en 2016 au Festival. Depuis elle a joué au Festival d’Avignon, elle est programmée un peu partout… et on continue de l’accompagner sur son nouveau projet LKA, qu’elle dansera au Ballet National de Marseille.
Votre programmation est internationale…
Oui, avec une forte présence d’artistes locaux, mais aussi d’artistes émergents venus d’ailleurs. Pluridisciplinaire, avec un axe fort autour de la formation professionnelle et de l’insertion des jeunes artistes. L’expo collective la Relève 6, qui ouvrira le festival au Château de Servières et à art-cade, présente le travail d’artistes pendant trois ans après leur sortie des écoles d’Art.
Celles de la région ?
Oui, essentiellement Aix Marseille et Arles, mais aussi des écoles internationales, toujours avec ces échos qui permettent aussi aux artistes d’ici des débouchés et une ouverture. Sur ce volet des arts plastiques, qui n’est pas au départ notre spécialité puisque nous avons commencé avec les arts de la scène, nous avons perdu les partenaires qui ont fermé, Buropolis et Coco Velten, mais l’an prochain nous travaillerons aussi avec La Compagnie.
Travailler avec les acteurs culturels de Marseille est important pour vous ?
Et d’Aix ! Le 3BisF et le Théâtre Vitez sont de la partie. Oui, c’est au cœur de notre projet. Nous ne portons jamais une action tout seul, nous voulons que l’émergence s’inscrive dans l’esprit et la programmation des lieux.
Une autre tendance historique forte est le non respect de la parité… Il n’y a presque que des femmes ! Comment l’expliquez-vous ?
Oui. La programmation est féministe sans le proclamer. C’est assez naturel : à l’endroit de l’émergence, de la petite forme qui ne nécessite pas de gros moyens, il y a une majorité de femmes. Les hommes continuent d’avoir des carrières qui démarrent plus vite et ont moins besoin d’accompagnement. Et puis, aujourd’hui, les femmes ont peut être plus de choses à dire !
Par exemple ?
Le caviardage des discours présidentiels par Juliette Georges, Sympathies n°1, dans lequel on voit évidemment que seuls des hommes parlent. Ou l’Album de chorégraphe de Karima el Amrani, qui fait un retour sur toutes les danses qui l’habitent, dans un petit solo qui est un vrai bijou. Masterpiece de Luisa Fernanda Alfonso, une extraordinaire performeuse colombienne qui déconstruit les archétypes machistes des mariachis. Mais il y a aussi des hommes, que nous soutenons depuis longtemps, comme Joachim Maudet qui présentera Kid#1 à Klap. C’est un artiste qui travaille beaucoup avec Kéléménis. Il parle de l’enfance, de comment un corps grandit, passe du jeu à la contrainte, du collectif à l’individu… La programmation se poursuit jusqu’au 10 février.
Nous y reviendrons !
ENTRETIEN REALISE PAR AGNES FRESCHEL Festival Parallèle 14 Du 25 janvier au 10 février plateformeparallele.com