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Sur les ailes des vents

La saison nouvelle endosse ses couleurs lumineuses, que ce soit sur la façade de L’éolienne ou sur le site de ce lieu qui ne cesse de tisser du commun à travers des propositions de haut vol accessibles à tous

Entretien avec Claire Leray, directrice de production et programmatrice de L’éolienne dont elle est fondatrice en 2009 et co-fondatrice de la Compagnie Rassegna en 1999.

Zébuline. La programmation 2022-2023 semble se placer sous les auspices du conte. Le monde ne cesse de se réenchanter, n’est-ce pas ? 

Claire Leray. Certes, nous ne renonçons pas à la musique, c’est évident, mais la partie conte s’affirme. Nous voulons mettre en valeur nos deux esthétiques et trouver aussi des lieux communs à la musique et au conte. Il y a des projets qui rassemblent les deux. La soirée d’ouverture de L’éolienne (5 octobre) avec la Compagnie Rassegna, associée au lieu depuis longtemps, invitera auprès des musiciens, Bruno Allary (guitare, saz, mandole, chant), Carine Lotta (chant), Sylvie Paz (chant, percussions) et Fouad Didi (chant, violon, oud), le conteur Luigi Rignanese, pour une soirée tissée de chants et de contes populaires de Méditerranée. Le tout dans un esprit joyeux placé sous le signe de l’évidence. Luigi Rignanese est très habitué à travailler avec la musique, lui-même est musicien, si bien que les rôles s’inversent et que ce sont les musiciens de Rassegna qui portent le récit. Nous avons une énorme programmation de contes destinés aux enfants hors les murs, dans les médiathèques de Marseille et de Toulon (ces manifestations sont gratuites). À L’éolienne, on trouvera des propositions de récits pour les plus grands. Sur la période d’Halloween qui n’est pas la fête américaine que l’on croit mais pousse ses racines dans les traditions populaires du nord de l’Europe avec les fêtes de Samain, Annukka Nyyssönen, conteuse finlandaise, dira des contes à faire frissonner (28 octobre). Plus tard (3 novembre), Aïni Iften reliera contes kabyles et quotidien d’une famille, la sienne, qui a traversé la Méditerranée et s’est installée en HLM. Le concret de la vie se tresse avec les histoires d’ogres et de princesses. Beaucoup d’espoir habite ces récits qui nous interrogent sur ce qui nous nourrit et ce qui nous fait avancer à l’ombre lumineuse de la cosmogonie kabyle. 

Et la musique ?

Les trois derniers spectacles de ce premier trimestre seront des concerts. Batteuse de rock et superbe chanteuse, Carina Salvado (18 novembre), accompagnée de Patrick Maradan (contrebasse) et de Benoit Richou (guitare), revisite le Portugal par le regard du blues, de la pop, du rock et apporte une nouvelle pulsation au fado. Sa manière hybride et cosmopolite est à l’image des esthétiques que soutient L’éolienne. Dans le cadre de Jazz sur la ville  – on est partenaires de ce festival coopératif entre de nombreux lieux de programmation de la Région –  viendra en guitare solo Misja Fitzgerald-Michel (2 décembre), nominé aux Djangos d’or de la guitare en 2006 pour son disque Encounter et aux Victoires du jazz 2012 pour l’album Time of No Reply. Il est capable de passer de la Chaconne pour violon seul de Bach à des pièces de Jimi Hendrix, tout en se plaçant dans la lignée des guitaristes de jazz d’aujourd’hui comme Pat Metheny et Jim Hall, dans un jeu très acoustique et enjoué. Longtemps, la contrebasse a été à l’honneur à L’éolienne, cette année c’est la guitare… Enfin, l’année se conclut avec Hadrien Bels (15 décembre), réalisateur de plusieurs films de Rassegna, dont le premier roman Cinq dans tes yeux (éditions L’Iconoclaste) évoque de manière très autobiographique Marseille et le quartier du Panier. Ses mots seront habillés d’expérimentations sonores par les platines de Nassim-Dj. Peut-être aurons-nous la chance d’entendre aussi quelques extraits de son tout nouveau roman, Tibi La Blanche

Marseille écrit sa propre mythologie en musiques, mots, personnes. L’éolienne a à cœur de recevoir des personnes qui écrivent de nouvelles histoires, composent des regards de traverse et ont envie de rencontres et de croisements.

Vous menez aussi des ateliers dans ce sens…

L’éolienne propose des formations au conte et des ateliers tout au long de l’année et effectue même des prises en charge professionnelles en partenariat avec l’association culturelle Agesca. Des formations sont réservées aux professionnels, d’autres sont ouvertes à tous. Pour cela, la conteuse Florence Férin amène avec douceur et bienveillance à raconter paysages et récits. Il ne faut pas oublier que le lieu accueille aussi nombre de résidences d’artistes au croisement de plusieurs cultures et de pratiques artistiques. L’éolienne se veut être un lieu d’ouverture, un lieu commun. Tout un travail est aussi mené avec le quartier Noailles, toujours soumis à l’idée de se rencontrer, de partager. Cette année sera mis en avant un travail sur la parole, les récits de vie. Chaque parole est égale en dignité et en importance pour le monde. On essaie d’instaurer une dynamique de vie commune, de donner la parole à tous en créant des conditions bienveillantes. Une carte des vents doux et chauds, du « bon manger pour le cœur » dit-on à la Réunion !

ENTRETIEN REALISE PAR MARYVONNE COLOMBANI

L’éolienne, Marseille
04 91 37 86 89
leolienne-marseille.fr
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