Si « l’intérieur des terres » foisonne de propositions festivalières de haut-vol lors de la saison d’été, la côte semblait ne se reposer que sur le charme de ses plages. Grâce à La Vague Classique, l’excellence s’invite aussi en bord de mer. Les grands noms, Khatia Buniatishvili, Nelson Goerner, Alexandre Kantorow, pour ne citer que les trois premiers concerts, sont familiers des scènes les plus prestigieuses, mais ici, dans l’écrin de la Maison du Cygne, ou plus tard, de la Villa Simone, de la Collégiale Saint-Pierre ou la Maison du Patrimoine « François Flohic » située au-dessus de la lagune du Brusc, site classé Natura 2000, le public est installé juste à côté des interprètes, peut en discerner la moindre expression, le moindre souffle. Pas d’effets entre l’auditeur et les sonorités produites, pas de filtre aux émotions !
Le choix d’un temps long
Le festival s’étale comme une véritable saison estivale, du 18 mai au 14 septembre, évitant l’écueil des autres rendez-vous musicaux traditionnels de l’été. Le symbole des deux concerts qui ouvrent et closent le festival est symbolique : la première représentation convie la pianiste Khatia Buniatishvili, aussi encensée que décriée en raison de sa fougue, de ses tenues vertigineuses, des enthousiasmes débridés des spectateurs à l’instar de ceux que peuvent susciter les stars du rock, (un engouement populaire fait oublier à certains que l’artiste parle couramment cinq langues et a une maîtrise technique souveraine). Le dernier concert offrira la scène à la toute jeune et déjà invitée de plusieurs festivals en France et en Europe et lauréate 2018 du concours international Jeune Chopin, Arielle Beck. Elle a d’ailleurs remplacé la star Khatia Buniatishvili qui attendait un heureux évènement le 7 juin 2023 au ClassicCestfffou à Nantes.
Un feu d’artifice
On reconnaît ici la finesse malicieuse du directeur artistique du festival, Gérard Lerda qui a su concocter une programmation aussi éclectique qu’ambitieuse, passant de solistes à des formations chambristes et orchestrales, sur des univers classiques, romantiques, baroques ou jazzy. « Nous cherchons à toucher le plus grand nombre et à convier les spectateurs à sortir de leur zone de confort en leur proposant par le biais d’artistes virtuoses d’aborder des styles et des genres qui ne leurs sont pas toujours familiers » explique Gérard Lerda qui écume les salles de concerts afin de trouver les perles rares de ses futurs calendriers.
Il y a désormais des fidèles, Renaud et Gautier Capuçon, l’ensemble Matheus dirigé par Jean-Christophe Spinosi, les rendez-vous avec les lauréats de la Fondation Gautier Capuçon, cette année la jeune pianiste Nour Ayadi, beaucoup de piano avec entre autres, Guillaume Bellom, Sélim Mazari, Frank Braley, Shani Diluka, mais aussi du jazz avec le Paul Lay Trio ou Nicolas Folmer en quatuor, du lyrique grâce à la mezzo-soprano Marina Viotti ou le contre-ténor Rémy Bres-Feuillet… Comment tout citer ! Un vrai feu d’artifice !
MARYVONNE COLOMBANI
La Vague Classique
18 mai au 14 septembre
Divers lieux, Six-Fours-les-Plages