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AccueilNon classéCirqueTemps de cirque : Un homme blanc peut-il parler d’excision ? 

Temps de cirque : Un homme blanc peut-il parler d’excision ? 

Circus Baobab, compagnie de cirque guinéenne historique, joue Yongoyély au festival Temps de cirque de la Verrerie d'Alès. Un spectacle sur l’excision, vu par Zébuline à sa création à Marseille

Circus Baobab soulève l’enthousiasme du public par ses numéros d’acrobates époustouflants, la combinaison de chants traditionnels, de danse krump et d’agrès spécifiquement africains, comme les mâts en bois souples sur lesquels se fonde l’essentiel de Yongoyély. Comme les autres spectacles, il a été accueilli par une salle comble applaudissant debout des artistes formidables. 

Pourtant Yongoyély /L’exciseuse fait naître un malaise. La lutte contre la domination multifactorielle des femmes racisées porte une revendication claire : c’est aux femmes racisées d’en parler et non aux femmes blanches, et moins encore aux hommes blancs. Dans notre société si prompte à regarder les hommes noirs avec frayeur et les femmes noires avec condescendance, sont-ils les plus aptes à parler de l’excision ?

Déconstruire les représentations 

Comment, alors, parler de violences faites aux femmes racisées dans un spectacle ? Sans doute en leur laissant le faire. Lorsque Germaine Acogny transmet ses solos, que Dada Masilo transfigure Carmen, que Rebecca Chaillon joue Carte noire nommée désir ou Bintu Dembelé danse Les Sauvages de Rameau, le regard est naturellement juste. Sans trimballer les résidus de représentations imprégnées de siècles de domination, comme le fouet pour représenter l’excision… 

Au-delà de Yongoyély, quelques représentations nécessitent d’être déconstruites en cette journée des Droits de la femme, pour éviter que les racistes ne fassent retomber le poids des mutilations sexuelles sur la sauvagerie supposée des hommes noirs. 

Qui excise ? 

Le pays où les femmes demeurent le plus systématiquement excisées est l’Egypte (96% des femmes), et nombre de pays d’Afrique subsaharienne ont concrètement renoncé à ces mutilations depuis suffisamment longtemps pour qu’elle soit résiduelle, présente seulement chez les femmes âgées (5% des femmes sont excisées au Togo, en Ouganda ou au Congo, elle n’est pas pratiquée aux Comores, à Madagascar ou au Rwanda) alors qu’elle augmente notablement en Indonésie (50% de femmes mutilées). 

Les mutilations gynécologiques ne sont pas réservées aux musulmans ou aux animistes, puisqu’au Mali les chrétiens la pratiquent tout autant. L’excision et l’infibulation préexistaient à l’Islam, puisqu’on en trouve des traces dans l’Egypte antique et l’Empire Romain. Elles ont été généralisées durant la traite négrière, en particulier l’infibulation, c’est à dire la couture des grandes lèvres, pour donner plus de prix aux esclaves et réserver leur usage sexuel aux Maîtres. 

Elle est interdite en Guinée, et pratiquée autant à Conakry que dans les villages, dans des centres de santé, sans répression dans les faits. 90% des Guinéennes sont aujourd’hui excisées. Elles sont mutilées par des exciseuses entre 5 et 9 ans, et la pratique diminue peu. 

AGNES FRESCHEL

Yongoyély 
Du 6 au 28 novembre
Bagnols-sur-Cèze, Alès, Montpellier

Yongoyély a été créée à Marseille dans le cadre de la Biennale Internationale des Arts du Cirque  

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