C’est un spectacle librement inspiré de Mon chat personnel et privé spécialement réservé à mon usage particulier, album jeunesse de l’auteur américain Sandol Stoddard, paru dans les années 1960. Les artistes de la Cie marseillaise Maïrol se sont emparés de ce récit tout simple mais pétri de sagesse avec gourmandise, pour en faire une performance musicale immersive, à déguster dès 7 ans. Qu’est-ce qu’une histoire, se demandent-ils, est-ce qu’un chat peut être un héros ? N’est-ce pas plutôt un western ? Ou un truc qui fait peur ? Parce qu’il faut bien le dire, celui-ci n’a rien d’extraordinaire, c’est juste un animal « qui ne fait rien comme on lui dit », en bon félin, préférant chasser, dormir et se lustrer. « Ici ! », « Tu restes assis ! », ça ne risque pas de marcher avec lui, c’est bon pour les chiens. Voilà ce que comprend, à la dure, l’enfant qui s’essaie à l’autorité avec lui.
Tel un maître zen, le chat lui inculte le respect minimum pour aboutir à une entente entre espèces, et une leçon précieuse : faire soi-même l’apprentissage de la liberté et de l’autonomie autorise ensuite à se blottir en confiance avec l’autre, quand on le veut. Le chat et l’enfant savent qu’ils pourraient être ailleurs, mais choisissent d’être là. L’adaptation s’opère avec une mise en scène sobre, mais un riche univers sonore, fait d’interprétations live (Maïté Cronier chant ; Roland Deloi voix et guitare électrique ; François Wong instruments à vent) et de sons spatialisés. Ni la musique expérimentale, ni les jeux de mots scandés en avalanche, n’ont l’air de dérouter le public enfantin, qui s’esclaffe volontiers et claque des mains en rythme, reconnaissant sans nul doute l’expérience universelle de sagesse que procure le fait de côtoyer un chat.
GAËLLE CLOAREC
Moi, mon chat a été vu au Théâtre Massalia le 13 décembre
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