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Tirailleurs, la mémoire de nos pères

Le long-métrage produit et interprété par Omar Sy replonge dans une histoire souvent méconnue de la Grande Guerre

À petits pas mais sans faiblir, le cinéma s’attaque aux facettes les plus sombres de l’Histoire française. Les corps de tirailleurs dits sénégalais et algériens avaient déjà fait l’objet, en 2006, d’un film réalisé par Rachid Bouchareb et coproduit par Jamel Debbouze. À ces Indigènes malmenés puis oubliés au lendemain de la seconde guerre mondiale succèdent aujourd’hui les tirailleurs mobilisés à leurs corps défendants pour la Première Guerre mondiale.

Ils étaient alors environ 200 000. Trente mille y mourront, ou en reviendront gravement blessés. Si le long-métrage de Rachid Bouchareb avait ravivé, lors de sa sortie en salles, la question de la cristallisation des pensions des anciens combattants, les Tirailleurs de Mathieu Vadepied arrivent sur nos écrans bien après le décès des derniers poilus. Il s’agit donc avant tout d’honorer une mémoire laissée vacante : le point de départ du film consistant à imaginer que le corps du soldat inconnu serait, en réalité, celui d’un tirailleur.

Deux trajectoires

Belle idée, qui a germé dès 1998, et au sujet de laquelle le réalisateur échangeait déjà avec Omar Sy sur le plateau d’Intouchables, où il officiait alors comme directeur de la photographie. La mort d’Abdoulaye Ndiaye, âgé de 104 ans, avant qu’il n’ait pu se voir remettre la légion d’honneur, incite le réalisateur à entamer un travail de recherche. C’est encore et toujours du point de vue des soldats qu’il élabore méticuleusement le scénario et oriente la réalisation.

Réalisé en langue peule par souci de réalisme, Tirailleurs s’attarde sur la trajectoire de deux soldats, vécue de l’intérieur. On y suit Thieron, interprété par la révélation du film, le jeune Alassane Diong, enrôlé de force, et de son père Bakary Diallo, incarné par Omar Sy, engagé volontaire contraint de garder son identité secrète pour veiller, dans l’ombre, sur la vie de son fils. Cette belle idée de distribution fait un atout du physique imposant de son interprète star mais aussi de sa familiarité pour le public. Elle permet de le distinguer tout en laissant assez d’espace au reste de la distribution pour donner naissance à de véritables personnages. Dont celui du lieutenant Chambreau, campé avec justesse pars Jonas Bloquet.

SUZANNE CANESSA

Tirailleurs, de Mathieu Vadepied
En salle le 4 janvier
L’association Ancrages propose une projection du film suivie d’un débat mercredi 4 janvier au cinéma Les Variétés, à Marseille.
Suzanne Canessa
Suzanne Canessa
Docteure en littérature comparée, passionnée de langues, Suzanne a consacré sa thèse de doctorat à Jean-Sébastien Bach. Elle enseigne le français, la littérature et l’histoire de l’Opéra à l’Institute for American Universities et à Sciences Po Aix. Collaboratrice régulière du journal Zébuline, elle publie dans les rubriques Musiques, Livres, Cinéma, Spectacle vivant et Arts Visuels.
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