dimanche 10 novembre 2024
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Toko Blaze : un oiseau qui fait mouche 

Artiste majeur de la scène reggae-rap depuis les années 1990, Toko Blaze présente Drôle d’oiseau, son nouvel album à paraître le 30 novembre. Entretien

Zébuline. Quand on regarde l’historique de votre carrière, il n’y a quasiment pas une année sans projet, ou disque. Qu’est-ce qui vous motive à créer sans cesse ?  

Toko Blaze. C’est la passion avant tout. Sortir des projets c’est un prétexte pour monter sur scène, prendre la parole, et la donner aux autres. Et maintenant, avec les nouveaux outils, c’est beaucoup plus facile d’être productif qu’à l’époque, quand il fallait forcément aller en studio pour enregistrer. Aujourd’hui, tout est possible depuis chez soi. 

Cet album a tout de même été produit en studio, et avec Gari Gréu, pourquoi ce choix ?

On a plus ou moins toujours travaillé ensemble mais sur des projets parallèles (avec Oai Star notamment), et on s’est souvent croisé sur scène, au micro. Quand il m’a proposé de réaliser ce projet avec son label It’s Ok, on s’est directement mis au travail. D’abord sur l’écriture – on avait 25 maquettes présélectionnées – pour enfin arriver à une dizaine de titres. Entre l’écriture, les prises de sons, les arrangements, le mastering… le travail a commencé il y a un an.

L’album s’ouvre avec Come Back au quartier, mais vous qui avez vécu en Afrique, à Marseille et à Vitrolles, à quel quartier pensez-vous ?

Quand je dis « Come back au quartier » c’est plutôt le retour au cocon familial. L’endroit où tu te sens en sécurité, dans un environnement familial. Je pense par exemple à l’Afrique, où tous les membres de la famille habitent souvent les uns à côté des autres. Avec le temps, la famille s’agrandit, et ça crée des micros-villages dans le village. 

Dans le titre Au milieu des loups, vous parlez d’une personne rejetée parce que différente, qui va finalement faire de cette différence sa force. Est-ce qu’il y a là quelque chose d’autobiographique ? 

Ca peut être autobiographique mais c’est aussi de l’observation. J’ai longtemps travaillé en milieu scolaire, et j’ai vu des enfants mis de côté, parce qu’ils n’apprenaient pas de la même manière que les autres. Il faut toute la force de caractère de l’enfant, et la force mentale des parents, pour que l’enfant puisse raccrocher les wagons, sinon ils sont oubliés et livrés à eux-mêmes. C’est un clin d’œil à tous ces enfants que l’on croit différents, alors qu’ils n’ont juste pas la même manière d’appréhender les choses. 

Vous avez connu l’extrême-droite dans votre jeunesse à Vitrolles. Qu’est ce que vous ressentez quand vous voyez le Rassemblement national atteindre des niveaux jamais connus en France aujourd’hui ?

Quand l’extrême droite est arrivée à Vitrolles ils ont tout verrouillé. C’était compliqué pour les associations, qu’elles soient culturelles ou socio-éducatives, car ils ont tout fait fermer. Mais si on a beaucoup parlé de Vitrolles, c’est parce qu’il y a eu une mobilisation à la différence d’autres villes, comme Marignane, Toulon ou Orange. Des journalistes sont venus, et ont pu constater ce qu’il s’y passait. Aujourd’hui, le discours d’extrême-droite s’est banalisé. Ce qui était tabou, non-dit, est aujourd’hui ouvertement exprimé. 

Dans votre biographie vous parlez de certaines censures dont vous avez été victime par les diffuseurs locaux dans votre carrière. A quoi faites-vous référence ?
Dès que tu commences à pointer certaines choses du doigt, ça ne plaît pas à tout le monde. Et il faudrait faire attention car ce sont les financeurs, les gens qui te portent, qui te lancent dans des dispositifs. On devrait avoir le droit de dire les choses, même quand c’est la gauche qui fait de la merde.  

Et donc aujourd’hui vous faites attention, vous vous retenez ? 

Non si j’ai envie de dire les choses je les dis. Si on m’empêche de jouer, j’irai jouer ailleurs. À l’époque, il n’y avait pas de lieux, et on jouait dans des usines désaffectées, dans des garages, dans des caves… s’il faut y retourner, on y retournera !

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR NICOLAS SANTUCCI

À venir
23 octobre : « Musiques à l'œuvre » avec Toko Blaze au Théâtre de l'Œuvre (Marseille).
2 novembre : Oai Reggae Party (avec Gari Grèu, Léo Achenza et Rastyron) au Théâtre de l'Œuvre.
Du 7 au 10 novembre : tournée régionale Class'Eurock
30 novembre : sortie de l’album Drôle d’oiseau

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