mercredi 3 septembre 2025
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Trappeuse mélodieuse

Afro, dancehall, trap ou r’n’b… la jeune rappeuse Natya sait jouer des sonorités musicales comme des mots. Elle sera sur la scène du skatepark du Prado le 6 septembre à l’occasion du festival Hip-Hop Non-Stop, entretien 

Zébuline. Comment se font vos premiers pas vers la musique ? 
Natya. Très tôt, j’ai commencé le chant vers mes 12-13 ans. Chez moi d’abord, mon père est musicien, donc je l’accompagnais sur scène en tant que choriste pour des groupes antillais. Plus tard je me suis dirigée vers la batterie, j’ai fait deux ans de conservatoire et ensuite, j’ai touché à l’ordinateur et j’ai composé moi-même dessus. 

Et le rap ? 
À la base, je n’écoutais pas trop de rap, j’étais plus dans le ragga dancehall, reggae et zouk. Puis le rap américain m’a inspiré : Young Thug, Future… dans la manière dont ils s’exprimaient assez mélodiquement, et ce qu’ils faisaient ressentir. Ensuite, j’ai commencé à écouter du Ninho, c’est à cette période-là que j’ai vraiment aimé le rap, comme un message qui a résonné en moi. 

Aujourd’hui, mes origines malgache et martiniquaise sont mes principales influences. Entre le rap de France et celui des îles, il y a une différence, on ne parle pas des mêmes choses, ce ne sont pas les mêmes problématiques même si certaines peuvent se ressembler. Mais je sens qu’en France métropolitaine, on a du mal encore à écouter du rap avec des accents, on ne les prend pas au sérieux. Néanmoins, ça se démocratise beaucoup avec des collaborations qui se créent de plus en plus. 

Cette année vous avez sorti un projet intitulé Le Ciel Sèche Ses Larmes, pouvez-vous en parler ? 
C’est un projet crescendo, avec des premiers morceaux sombres, très introspectifs, dans lesquels je parle de douleur, de trahison, de mal-être profond qui s’intitulent Mortifère et Cauchemar…donc ça annonce la couleur. Mais plus on avance dans le projet, plus je me dirige vers les étoiles. Je commence sous terre, bloquée dans les abysses puis je m’ouvre au monde, où j’ai plus confiance en moi. Je parle principalement d’amour, de déception, de mélancolie, de nostalgie et de tristesse. Tout est mélangé dans ce que j’appelle de la trap mélodieuse.

Hip-Hop Non-Stop est un festival qui se concentre sur de la culture hip-hop dans sa globalité, comment vous caractérisez cette culture ? 
Je la détermine puissante et d’actualité. Ça fait longtemps qu’elle est là, elle perdure dans le temps et s’élargit à d’autres dimensions. C’est aussi une culture de notre époque, faite pour nous et par nous. C’est une belle culture qu’il faut défendre. Et Hip-Hop Non-Stop c’est aussi un festival qui met en avant les artistes féminines. C’est hyper important, et ce n’est pas tout le monde qui le fait, donc je suis très fière d’y participer.

Justement, comment percevez-vous votre place en tant que femme dans le rap aujourd’hui ?
Je ne ressens pas d’inégalité parce que je ne mets pas forcément cette part en avant, je considère que les gens vont d’abord écouter mes paroles. Et puis, dans ma personnalité, il y a autant de masculin que de féminin. 

Je suis consciente des problématiques qu’il peut y avoir. Cela reste compliqué parce ce qu’on n’a pas encore la reconnaissance que l’on mérite, et en tant que femme, il faut toujours se battre un peu plus. Mais il y a de plus en plus de femmes qui osent faire des choses, convaincues qu’elles ont autant leur place que les hommes dans l’industrie, dans la musique, dans le rap. 

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR LILLI BERTON FOUCHET

Hip-hop Non-Stop
6 septembre 
Skate-park du Prado, Marseille

Culture hip-hop partout

Du 3 au 7 septembre, le festival Hip-Hop Non-Stop s’empare de Marseille. Une 5e édition à l’image de sa ville, où se mêlent danse, graffiti, djing et rap  


Hip-Hop Non Stop, édition 2024 © X-DR

Outil de narration et d’émancipation, le hip-hop est né dans la rue, celles du Bronx. Avant de traverser l’Atlantique et de se trouver un nouveau bastion, à Marseille. Omniprésent dans le paysage culturel phocéen, le hip-hop n’avait pas forcément de grands rendez-vous réguliers – comme souvent dans les cultures urbaines. Mais depuis des années, des festivals ont émergé, Impulsion à Aubagne, Hip-Hop Society à Marseille, et bien sûr Hip Hop Non-Stop, bien installé en fin d’été. Toujours porté par le travail d’associations locales, la Ville de Marseille, et avec Urban Prod à la baguette, le festival est de retour du 3 au 7 septembre.

C’est au parc Bougainville que le festival s’ouvre, avec des ateliers de beat-box, de danse, et de graffiti. Avant de poursuivre la soirée avec une série de concerts rap issus de la « Rés1d3nce Art2rue13 », portée par Radio Galère, Ph’art & Balises et l’Embobineuse. Pour clôturer la soirée, trois showcases de rappeur·euses émergent·es : M4uv3Drissa et Tizi

Grand Bruit © Margaux Martin

Rap encore les jours suivants, dans le centre-ville de Marseille : le 5 sur la Plaine, avec 10 artistes sur scène, dont Kalash l’AfroKikiEleyBIG D.A. Le 6 au skate-park du Prado avec NatyaIgouhJMK$ (et bien d’autres) et le 7 sur la Canebière avec Iranya, Grand Bruit ou Jay Moez. 

1 vs 1

Le battle est au cœur du programme, entre battle de danse « all styles » (6 septembre au skate-park) avec un prix de 1000 euros et battle de beat-box (7 septembre, Molotov). Dans la culture hip-hop, le battle est un espace d’incarnation et d’émancipation dans lequel chacun est poussé à s’exprimer à son maximum, librement. 

LILLI BERTON FOUCHET

Hip-Hop Non-Stop 
Du 3 au 7 septembre 
Divers lieux, Marseille
Au programme 
3 septembre 
Parc Bougainville : ateliers de beat-box, de danse, de graffiti et concerts de rap 
4 septembre 
Bibliothèque de l’Alcazar : Rencontre avec DECH et projection du long-métrage « STAR », autour du graffiti, en présence de son réalisateur Marc-Aurèle Vecchione 
5 septembre 
La Plaine : concert 100 % rap 
6 septembre 
Skatepark du Prado : Battle de danse, défilé streetwear et concerts de rap 
7 septembre 
Molotov et Canebière : Battle de beatbox, danse, concerts rap et graff 
6 et 7 septembre
Urban Prod : Masterclass et rencontres professionnelles

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