Les Chroniqu’heureuses
Premières fois en Duomobile
Le 27 novembre,ce sont les journalistes en herbe des Chroniqu’heureuses qui se rendaient sur le terrain pour découvrir en live le projet Duomobile, en première partie de soirée. Si les jeunes de l’association Because U Art affinent leurs compétences journalistiques depuis bientôt deux années d’interviews d’artistes musicaux, ils découvrent pour la première fois le travail du retour de concert. L’enjeu : développer ses capacités à exprimer ses ressentis, les comparer et les unir à ceux du groupe, à restituer un environnement et à formuler une critique en développant son vocabulaire.
Après la découverte de ce nouveau format d’article et celle, dans les grandes lignes, de l’univers du groupe, Mame Bousso, Ala, Yamina et Himda passaient la porte du Petit Cab, carnet en main, l’œil affûté et l’oreille tendue. Le lendemain, ils se réunissaient en atelier pour décrire l’expérience, rejoints par Manal. Voici leur retour :
Malgré son nom, la double salle du Petit Cab est un espace plutôt vaste, avec sa belle hauteur sous plafond, qui garde la marque de son passé d’usine. La première salle accueille un bar, un espace détente muni d’une dizaine de transats et de quelques nattes posées au sol, une décoration très minimaliste et des toilettes qui sentent encore le neuf. Deux portes battantes donnent sur une salle entièrement peinte en noir, celle des concerts, munie, elle, d’une haute scène et d’une petite régie en fond de salle. Quelques affiches décorent les murs.
Duolingo
Le binôme Duomobile entre en scène, dans une attitude et un style plutôt rock. Apparemment très investis et concentrés dans la réussite de leur concert, on devine qu’ils n’ont pas une grande habitude de se produire en public. Théry et Pépi, qui sont accompagnés à l’année par l’AMI via le dispositif Be On, arborent chacun une guitare électrique. Sur la musique, qui mêle l’électro gérée à l’ordinateur par Pépi et les lignes rock des guitares, Téry chante et rappe en arabe et en anglais. Sur les morceaux plus rappés, les rythmiques sont rapides, alors que les mélodies chantées sont souvent plus lentes. Parfois, on entend des dissonances, la voix et les instruments ne sont pas tout à fait coordonnés.
Le live est probablement en cours de travail, mais la motivation est visible, et une bonne partie du public proche de la scène semble fait d’amis et de famille qui dansent et soutiennent le duo, ce qui rend l’ambiance plutôt festive.
Les Chroniqu’heureuses avec Lucie Ponthieux Bertram
Finir en beauté avec Ganagobie
Le 29 novembre, le festival Jamais d’Eux Sans Toi se clôturait sur une dernière soirée au Petit Cab, avec le concert remarqué d’un nouveau groupe marseillais
On connaît l’intérêt de l’AMI et de sa directrice Élodie Lebreut pour les musiques créatives et les ambitions performatives en tous genres. C’est dans cette optique que le festival recevait la fabuleuse formation Ganagobie, à l’initiative de la batteuse, arrangeuse et improvisatrice marseillaise Blanche Lafuente. La musicienne explique que ce qui la guide : « c’est la conviction que la musique dépasse le simple champ esthétique : elle est un outil de lien social, de soin, d’inclusion et de célébration. » À cette image, son nouveau projet est une fusion foisonnante et transcendantale de traditions africaines, de jazz punk, d’électro et de danse.
Arrivé au Petit Cab, le public entre tranquillement dans la salle, attentif aux premières notes venues de la scène, scrutant tout mouvement ou apparition. Il faut dire que depuis leur concert à L’Intermédiaire il y a quelques semaines, Ganagobie est sur une tripotée de bouches, qui parlent toutes d’une « claque ». Il y a donc foule, ce samedi, et c’est depuis le couloir des toilettes que parviennent les rythmiques d’instruments de percussion manuels et des notes de voix suraiguës. La troupe se meut lentement dans le bar, et invite le spectateur à la suivre dans la salle de concert, avant de pérégriner pas à pas vers la scène depuis le fond, comme une procession, un rituel.
Une claque
La pseudo cérémonie débute, donc, et un riddim s’installe, fait de riffs électroniques imaginés par Jean Renucci, de percussions noyées et du chant habité du musicien chanteur sénégalais Jo Keita – que l’on connaît bien dans la région pour son projet afro-funk, entre autres.
Le spectateur ne le sait pas encore, mais il sera emporté plus d’une heure durant dans ce rite entre chamanisme et légèreté, entre jazz et punk, entre traditions et catharsis, porté par le maître de cérémonie/chanteur charismatique Jo – dans un costume noir moulant serti de sequins argentés – et rafraîchi par les interventions douces et amusées de Blanche Lafuente.
Si la musique est ici vectrice de transe, s’y mêle également le spectacle envoûtant d’une danseuse de krump – danse née dans le sud de Los Angeles au début des années 1990, dans un contexte de profonde crise sociale. Il faut dire que cette danse, faite de mouvements saccadés, de jetés de bras et de visages tirés, a de quoi impressionner, et que son exécution par Clotilde Penet, ajoutée au Popping (smurf) plus souple de Elarif Hassani, avaient de quoi happer intégralement le public, conquis.
Après une longue phase hallucinogène, vint une partie du set « plus offensive », pour reprendre le terme de Blanche, afin de pouvoir laisser exploser toute l’énergie retenue par le groupe et le public dans un gestefree-jazz/punk/dub exutoire. On ne sait si la puissance du live transparaît à sa juste hauteur, entre ces mots, mais il est définitivement à découvrir, à suivre et à conseiller ! Une claque, une vraie !
LUCIE PONTHIEUX BERTRAM
Duomobile et Ganagobie étaient programmés les 27 et 29 novembre au Petit Cab de la Friche la Belle de Mai (Marseille), dans le cadre du festival Jamais d’Eux Sans Toi.
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