lundi 1 juillet 2024
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Un huis clos de haut vol

Un couple se dirige en taxi vers l’aéroport de Barcelone. Visages souriants ils partent s’installer aux États-Unis. Elena née à Barcelone donnait des cours dans une école de danse. Diégo, né à Caracas (Vénézuela) est urbaniste mais avait du mal à trouver un emploi. Ils ont donc décidé de tenter leur chance à Miami. Elena est très détendue alors que Diego semble un peu nerveux. Craint-il qu’en tant que Vénézuélien, il n’ait quelques problèmes pour son entrée sur le sol américain ? À l’aéroport de Newark, après les formalités habituelles, scan des mains, examen des documents officiels, ils sont emmenés sans explication dans une salle d’attente pour des contrôles supplémentaires, puis dans un bureau de l’immigration : là, ils subissent fouilles de leurs valises et au corps, interrogatoires à deux et séparément. Des questions très déstabilisantes, personnelles, voire  intimes. « On ne m’a jamais contrôlée comme ça de toute ma vie ! » s’indigne Elena.

C’est ce huit clos que le Border Line des deux réalisateurs vénézuéliens nous fait vivre. Un film où la tension monte peu à peu, où nous partageons l’impuissance, la peur, la déception, l’incertitude, la souffrance de Diego (Alberto Ammann) et surtout d’Elena qu’interprète Bruna Cusi – qu’on avait remarquée dans Eté 93 de Carla Simon. Son visage reflète toutes les émotions qu’éprouve la jeune femme ; sa colère d’abord, sa révolte devant ce qu’on leur fait subir, puis ses doutes et sa déception au fil de l’interrogatoire. Ce rôle lui a valu le Prix d’interprétation féminine au festival Premiers Plans d’Angers.

Des bourreaux ?
Ce film dense, qui nous tient en haleine du début à la fin est inspiré de la vie de Juan Sebastian Vasquez et Alejandro Rojas, « Le film est fondé sur des choses que nous avons vécues nous-mêmes, de manière similaire, ou sur les histoires de gens que nous connaissons. Nous voulions faire un film qui montre le pouvoir absolu qu’a celui qui interroge de remettre en question la décision de changer de pays, sans doute principalement pour des raisons liées à l’origine, l’orientation sexuelle ou la couleur de la peau. Des vies peuvent être détruites. Nous ne voulions pas faire un film qui ne montre que la procédure d’immigration ; nous souhaitions aussi mettre en avant ses conséquences émotionnelles »  précisent les réalisateurs.

Et c’est fort réussi ! On sort de ce huis clos un peu sonné et admiratif du travail des cinéastes dont Border Line est le premier long métrage, du chef opérateur Juan Sebastian Vasquez et de tous les comédiens, aussi bien les « victimes » Alberto Ammann et Bruna Cusiqueles « bourreaux » Laura Gomez et Ben Temple.

ANNIE GAVA

Border Line, de Juan Sebastian Vasquez et Alejandro Rojas
En salles le 1er mai
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