Laurence Equilbey étonnera toujours, allant sans cesse vers de nouveaux registres. C’est le cas avec ce Beethoven Wars, dans lequel la musique du grand compositeur sublime un manga digne de Star Wars projeté sur écran. Après son succès à la Seine Musicale, le spectacle est arrivé au Grand Théâtre de Provence ce 22 mars.
La cheffe n’est pas venue seule. Elle est accompagnée de l’Insula orchestra qu’elle a créé et du chœur . Elle a imaginé ce spectacle avec le scénariste Antonin Baudry. Le film animé par vingt graphistes déroule une fresque épique imaginée d’après deux œuvres méconnues de Beethoven – Le Roi Étienne et Les Ruines d’Athènes.
Terre des ancêtres
Sur une planète éloignée, deux enfants, Stephan et Gisèle, font face à la fin d’un monde dévasté. « Né avec la guerre, la guerre s’installa dans nos vies et y resta. J’allais devenir le roi Stéphan », introduit le héros. Issus de peuples ennemis, les deux enfants devenus des adultes balafrés et courageux se lancent dans une quête spatiale qui les ramènera sur la Terre, planète de leurs ancêtres depuis longtemps inhabitable ; l’occasion d’offrir au spectateur des paysages sous-marins avec poissons et cachalots et d’une Grèce antique enneigée dont les monuments tentent de percer derrière la jungle.
Sur scène, cent musiciens et chanteurs donnent vie aux images. Les chœurs sont puissants, parfois martiaux, toujours dramatiques, tout comme la belle interprétation des solistes, la basse Mathieu Heim et la soprano Ellen Giacone, évoquant des statues fossilisées sous la glace. L’immense machine se déploie sous une direction implacable et exigeante qui se prête aux nécessités d’un orchestre qui, lié aux images, se doit d’être drastiquement en place.
Au terme de batailles intergalactiques nos héros réussiront-ils à créer cette terre où « le flambeau de la paix éclaire et protège et sur laquelle nous cultiverons les arts et les sciences ?» Tous les codes du manga sont là avec cette vision manichéenne d’un monde où seul règne le bien ou le mal et qui saisit peu la complexité. Pour autant, ce « combat pour la paix » parle à la salle et en particulier aux 300 étudiants présents, invités par le Crous.
ANNE-MARIE THOMAZEAU
Beethoven Wars s’est tenu le 22 mars au Grand Théâtre de Provence.
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