De son propre aveu, La Féroce aime à manier « un cirque sauvage sans animaux mais en liberté, dans la montagne souvent, des personnages féminins à l’humour noir et cruel, l’amour du risque et du lâcher prise… » À sa tête, l’acrobate Laurette Gougeon, portée par la volonté de concilier la pratique du spectacle et un amour indéfectible pour les hauts sommets. Avec Faces Nord, l’acrobate questionne ce qui nous pousse à aller toujours plus haut. L’addiction aux paysages comme aux endorphines ; l’obsession de gravir, mêlant défi et plénitude ; le spectre de la chute, jamais loin…
Lune complice
De la gestuelle de l’ascension, elle tire d’étranges chorégraphies, osant le jonglage avec un piolet. En fond sonore, un patchwork de paroles récoltées lors de veillées organisées dans le Queyras et les Écrins. L’originalité de cette forme courte ? Cultiver la légèreté – une tente, quelques accessoires – pour pouvoir jouer en autonomie dans les refuges de montagne. Ce soir-là, à l’orée du massif des Calanques, Faces Nord est présenté devant deux poignées de spectateurs assemblés sur un tapis d’aiguilles de pins, à l’issue d’une marche d’approche à travers bois. Un joli moment suspendu, minimaliste et intimiste, partagé à la lumière d’une lampe frontale… et d’une pleine lune complice. De l’art contextuel s’il en est, et assurément l’une des propositions revigorantes de cette Biennale !
JULIE BORDENAVE
Faces Nord a été donné le 3 février dans le cadre de la Biac et à l’initiative de l’association Karwan, au chemin du vallon de la Barasse, Marseille.