mercredi 19 novembre 2025
No menu items!
Plus d'infos cliquez ci-dessousspot_img
Plus d'infos cliquez ci-dessousspot_img
AccueilScènesVers les ombres du cosmos

Vers les ombres du cosmos

Porté avec justesse par ses comédien·nes, Dark was the night d’Emmanuel Meirieu rend hommage à notre planète dans un condensé d’émotion qui n’épargne pas le genre humain

Le titre du dernier spectacle d’Emmanuel Meirieu, Dark was the night, est dû à celui de l’une des chansons du bluesman aveugle Blind Willie Johnson, mort dans la misère faute de soins (l’hôpital refusa de le soigner en raison de sa couleur de peau). Cependant, en 1977, cette chanson sera gravée sur le disque d’or fixé sur la navette spatiale Voyager parmi les vingt-sept musiques, cent-quinze photographies et sons de notre planète, «tout ce que l’on voulait alors pour témoigner du meilleur de notre terre », à l’adresse de possibles extra-terrestres.

Sur le plateau, la scénographie montagneuse scandée par de hauts troncs dressés comme les colonnes d’un temple antique abandonné, s’orchestre en deux lieux. Côté jardin, il y a les ruches de l’apiculteur François dont les parents, scientifiques, ont contribué à l’élaboration du disque d’or à Cap Canaveral. Ils ont utilisé la voix de leur enfant pour la salutation en français parmi les cinquante-cinq saluts donnés en toutes les langues aux destinataires de ces messages terriens. Côté cour, parsemé de détritus, est situé le cimetière de Blanchette où un homme secondé par son fils recherche en vain la tombe de Willie Johnson. 

Catapultage des chronologies
Le temps humain se transcrit par l’avancée de la navette, les milliards de kilomètres correspondent aux années terrestres. La fragilité de l’existence – François est atteint de la maladie de Charcot et voit disparaître peu à peu ses chères abeilles –, la fugacité des traces – il est impossible de retrouver le corps de Billie Johnson – posent la question de notre humanité, de ce que nous laissons, et par-là même de nos actions. Comment apparaissons-nous avec des yeux d’extraterrestre ? 

Le texte de la pièce est amorcé avec humour et tendresse par des images projetées sur l’ample dessin coloré du rideau de scène : voici Pac-Man, qui n’existe pas encore lorsque la chanson de Marie-Myriam gagne l’Eurovision en 1977, l’enregistrement saluant les extraterrestres, les rires d’une humanité dont les échos résonnent encore en un catapultage des chronologies. Stéphane Balmino, François Cottrelle, Jean Erns, Marie-Louise, Nicolas Moumbounou et Patricia Pekmezian portent avec intelligence et naturel le texte de Meirieu, ourlé d’un chant sans paroles et hypnotique. Laissant sourdre des mots l’aveuglement des hommes, leurs côtés sublimes et leurs parts d’ombres, dessinant un tombeau (au sens du genre musical qui a fleuri durant la période baroque, pièce monumentale et méditative composée en hommage à un grand personnage) dédié à notre Terre. Bouleversant d’émotion et de justesse ! 

MARYVONNE COLOMBANI

Dark was the night a été donné dans plusieurs lieux de la région dont le Théâtre Durance, Château-Arnoux-Saint-Auban (15 novembre), le Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence (17, 18 et 19), le Théâtre de l’Olivier, Istres (22) et les 24 et 25 novembre à Châteauvallon, Ollioules puis le 29 novembre au Sémaphore, Port-de-Bouc
Article précédent
Article suivant
ARTICLES PROCHES
- Plus d'infos, cliquez ici -spot_img
- Plus d'infos, cliquez ici -spot_img
- Plus d'infos, cliquez ici -spot_img

Abonnement

- Plus d'infos, cliquez ici -spot_img

Des preuves d’amour : parcours de combattantes

Le 23 avril 2013, le parlement adopte par 331 voix contre 225, la loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe,...

Lune Jaune

Le Centre dramatique des villages du Haut-Vaucluse propose Lune Jaune – La ballade de Leila et Lee à l’Espace culturel de Vaison-la-Romaine. Le texte...