jeudi 28 mars 2024
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Trop féministe ? Jamais !

Le premier débat du cycle « Féminismes, genres et minorités » du Mucem portait un titre provocateur : Peut-on être trop féministe ? La réponse fut houleuse, et revigorante…

Pour la deuxième saison, le Mucem propose un dispositif très citoyen, des « Procès du siècle » où interviennent, à la barre, des témoins qui ont préparé leurs interventions lors d’ateliers la veille. Les intervenants endossent le rôle de prévenus, et le modérateur lance des questions provocatrices qui rendent les débats immédiats et vivants.  

Le 14 novembre, pour le premier procès, la salle est comble, essentiellement de jeunes femmes. Sur scène, le journaliste Tewfik Hakem présente ses intervenantes, Marion Séclin et Sophie Bramly, féministes de générations différentes, en induisant d’emblée une divergence entre la jeune, supposée radicale, et la plus vieille, forcément plus raisonnable. Pourtant l’une comme l’autre revendique la nécessité de la lutte. Trop féministes ? Vous plaisantez ? Peut-on vouloir trop d’égalité ?

Radicalité nécessaire 
Si Sophie Bramly reconnait à contrecœur que certains moyens peuvent être parfois contre-productifs, la chroniqueuse est moins conciliante : les violences tuent chaque jour, certaines inégalités, loin de diminuer, s’accroissent, les droits que l’on croyait acquis sont remis en cause, les femmes vivent l’insécurité constante dans les sphères publique et privée, leurs corps sont soumis à des injonctions depuis l’enfance. Les avancées réelles de la loi sont une goutte d’eau dans la déconstruction nécessaire d’une domination omniprésente. 

Tewfik Hakem tente visiblement d’imposer un point de vue « médian » impossible à défendre. Les « pièces » du procès qu’il a préparées, comme une jeune femme déclarant qu’elle n’est pas féministe parce qu’elle aime les hommes, achèvent de mettre le public en colère. Il essuie quelques huées, polies mais franches… 

Les quatre témoins venus du public sont plus intelligent·e·s, parlant partage des tâches, violences, inégalités des chances, domination permanente. Et la soirée de prendre fin sans question du public, les organisateurs redoutant sans doute que la salle s’échauffe…

Les prochains procès, en particulier Iel, mode ou avant-garde ? le 28 novembre, ou le 19 janvier La transition de genre, promettent d’être tout aussi polémiques. Que ces questions-là soient au programme d’un musée d’État est, en soi, une révolution.

SARAH LYNCH

Procès du siècle : Féminisme, genres et minorités
Chaque lundi soir jusqu’au 13 mars 2023
Mucem, Marseille
mucem.org
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