Un petit théâtre de bois se dresse dans l’aire de jeu vers laquelle se précipitent les enfants à la sortie de chaque spectacle. La petite cabane au milieu des toboggans est comme une version miniature de la Maison Pour Tous de Monclar dans laquelle s’installe Le Totem chaque été. Cette année encore, les spectacles sélectionnés sont d’une grande qualité et transportent aussi bien enfants que parents.
Zèbre pour tout-petits
La diversité des disciplines théâtrales permet à chacun d’y trouver son compte : théâtre d’objet, art du récit, marionnette ou encore danse et musique. Zèbres mêle un peu tout cela. À travers ce spectacle pour les tout-petits -à partir de 3 ans- Camille Dewaele et Cécile Mazéas ouvrent tous les jours à 9h50 la porte d’un univers ludique et sensible. Le duo de danseuse hip-hop et de marionnettiste chanteuse accompagne l’arrivée d’un petit zèbre. Ce petit être va évoluer dans un monde coloré et magique où les décors détaillistes s’ouvrent et se dévoilent tel un album à tirette.
Sa tempête
Le Totem fait aussi la part belle au théâtre d’objet, comme avec Tempête dans un verre d’eau, qui se produit à 11h. Un comédien déjanté, Clément Montagnier, explique aux spectateurs sa passion pour La Tempête de William Shakespeare et fait résonner la comédie avec sa vie personnelle. Grâce à des reconstitutions miniatures toutes simples, il illustre l’histoire qu’il raconte à son auditoire captif au milieu des éclats de rire. D’une simple canette, il crée des personnages et les fait évoluer. Une lampe torche et quelques bruitages reconstituent la tempête. Sa régisseuse et metteuse en scène Marie Carrignon devient son acolyte de scène dans une pièce drôle et touchante, conseillée à partir de 8 ans.
Intergénérationnel
Le théâtre jeune public entend aussi parler aux enfants des sujets tabous qui les concernent. Le jour du coquelicot, joué à 15h10, aborde le thème des premières règles, du passage vers l’adolescence, des relations entre générations. Sam, 9 ans, se questionne sur son corps et ses sentiments, tandis que sa grand-mère lutte contre l’amnésie qui la gagne. Au milieu de cela, un lapin survolté tente maladroitement de réconcilier tout le monde. Une histoire touchante et de belles images, comme la robe de mots de la grand-mère qui perd la tête, ou l’intérieur du cerveau de Sam, fait de fils que le lapin va tenter de démêler.
Fable écolo
Enfin, Quand les corbeaux auront des dents est un petit feu d’artifice. Tous les jours à 16h10, deux comédiennes d’une folle énergie, Cassandre Forget et France Cartigny, narrent l’odyssée d’un corbeau affamé parti à la recherche de ses anciens compagnons de chasse, les loups. Complices et décalées, elles offrent un conte « poético-écolo-déjanté » sur la difficile cohabitation entre les animaux et les humains. Du théâtre d’objet drôle et merveilleusement bien pensé qui offre deux niveaux de lecture, pour les enfants mais aussi pour les parents. On y évoque par exemple le patron des chasseurs Willy Schraen, le mouvement des Soulèvements de la Terre ou encore le sensationnalisme de certains médias. Chacun y trouve son compte. Les adultes s’esclaffent et les enfants sont captivés par la petite histoire qui se matérialise devant leurs yeux.
RAFAEL BENABDELMOUMENE
Tous les spectacles du Totem se sont joués jusqu’au 25 juillet