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D’autres regards à Luma

Sky Hopinka et Arthur Jafa, deux regards d’artistes autochtone et africain-américain revendiqués. L’un sur la condition humaine, l’autre sur la « blackness »

Ethnopoésie et néomythologie

Remettre en question les normes dominantes en matière d’identité, de perception et de création de mythes, tel semble être le cœur du projet artistique de Sky Hopinka (né en 1984) membre de la nation Ho-Chunk du Wisconsin, descendant de la tribu Pechanga des Indiens Luiseño (Sud de la Californie), cinéaste expérimental, photographe et poète. The sun comes in whenever it wants est sa première exposition majeure en France, dans laquelle il présente des poèmes muraux, des œuvres vidéo et photographiques anciennes et récentes, entrelaçant mémoire personnelle et collective, oscillant entre documentaire et fiction, représentation et abstraction. Au centre de ses préoccupations les récits d’Amérindiens vivants aux États-Unis, l’histoire chargée de sites comme Standing Rock dans le Dakota du Sud, les thèmes de la résistance, de la révolte, de l’esclavage et de la colonisation.

L’expérience de la « noirceur »

Artiste, vidéaste, directeur de la photographie (notamment pour Spike Lee et Julie Dash), l’Africain-Américain Arthur Jafa (né en 1960), est devenu, après le Lion d’or de la Biennale de Venise qui lui a été décerné en 2019 pour The White Album, l’un des artistes contemporains les plus en vue. Sa pratique met en jeu, à travers un mélange d’images et d’histoires, une mémoire affective questionnant l’histoire des États-Unis d’Amérique. Une réflexion sur l’ontologie de la race et de la noirceur (« blackness »), et la manière dont elles existent dans la production et la diffusion d’images, de musique et de sons. Son exposition à LUMA se déploie dans 2 espaces différents : à La Mécanique Générale sont présentées des œuvres majeures de sa carrière (en particulier The White Album et le relief Ex-Slave Gordon 1863) et à La Grande Halle se trouve AGHDRA, installation d’images en mouvements et de sons de 85mn, organisée autour de douze segments, chacun basé sur une composition sonore unique. Une œuvre entièrement numérique, mise en regard avec le tout récent Untitled, hommage à Greg Tate, ami proche et complice de Jafa, récemment décédé.

Par ailleurs, la fondation propose, dans la galerie principale de la tour, la deuxième exposition de la série organisée autour de la collection Maja Hoffmann / Fondation LUMA : The Impermanent Display II avec les œuvres de nombreux artistes notamment Precious Okoyomon, Carsten Höller, Philippe Parreno, … Et la projection de deux films d’artistes : dans la Galerie Est Everything and More de Rachel Rose, qui interroge le concept de mortalité à travers l’expérience de hors-corps d’un astronaute, et dans la Glassroom, Nightlife de Cyprien Gaillard, film en 3D, méditation sur les héritages de la révolution, de la résistance politique et de la résilience à travers les reliques et les ruines de l’histoire moderne.

MARC VOIRY

The sun comes in whenever it wants, Sky Hopinka
Live Evil, Arthur Jafa
The Impermanent Display II,collection Maja Hoffman
Jusqu’au 31 décembre 2022
Fondation Luma, Arles
04 65 88 10 00 / luma.org
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