samedi 20 avril 2024
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Nicole Eisenman face aux modernes

Nicole Eisenman et les modernes met en regard une insolente de l’art contemporain avec des œuvres d’une trentaine d’artistes modernes

Américaine née en France, à Verdun, en 1965, Nicole Eisenman a débuté sa carrière artistique à New-York dans les années 90, après avoir été diplômée en 1987 du département peinture de la Rhode Island School of Design à Providence, elle se fait remarquer par ses peintures figuratives monumentales et ses installations de dessins proliférantes. Sa première exposition personnelle en France fut en 2007, au Frac d’Île-de-France, séduit par sa façon de revisiter l’histoire de l’art la plus prestigieuse par le folk art, la bande dessinée underground, les films d’horreur ou le porno, et dans un même élan, de télescoper Rubens et Crumb. Une irrévérence qu’elle applique également à de grandes scènes héroïques ou allégoriques, dans lesquelles les rôles ne sont plus tenus par des hommes (dont quelques-uns sont mis à mort dans la bacchanale Sloppy Joe Party, 2000) mais par des femmes. Styliste virtuose, elle passe allègrement de la bad painting à des scènes inspirées de la Renaissance italienne, tout en ne lâchant rien des thèmes récurrents de son travail, en particulier son positionnement en tant qu’artiste homosexuelle, ses critiques de l’ordre social, ses réflexions sur le statut de l’artiste ou encore sur le processus de création.

Glamour et misère

C’est la forte présence de ces multiples références artistiques dans les travaux de Nicole Eisenman qui est à l’origine du concept de l’exposition : mettre en regard 70 de ses œuvres avec presque autant de créations de 30 artistes de la modernité européenne (beaucoup d’hommes, parmi lesquels Edvard Munch, Emil Nolde, Pablo Picasso, Otto Dix, James Ensor…). Nourrissant également le propos, l’hypothèse de parallèles entre les décennies autour de 1900 et de 2000. Comme l’indiquent Katharina Ammann, Bice Curiger, Daniel Koep et Christina Végh, les 4 commissaires de l’exposition, dans le catalogue : « Dès 1880, en Europe comme ailleurs, certain·es artistes de la modernité commencent à réagir individuellement face aux forces puissantes de l’industrialisation et de l’urbanisation qui sapent les traditions et modifient du tout au tout la vie quotidienne et les fondements de la société. Ce que la vie moderne entraîne alors de glamour et de misère tout à la fois peut se comparer aux effets à double tranchant auxquels le numérique nous confronte : une interconnectivité mondiale qui va de pair avec une désorientation personnelle, une offre apparemment illimitée qui, de facto, ne cesse de réduire notre liberté de choix. Dans un cas comme dans l’autre, on peine à appréhender toutes les conséquences de ces bouleversements. Et, aujourd’hui comme hier, un tournant sociétal d’une telle ampleur est porteur des nuages noirs du totalitarisme ».

MARC VOIRY

Nicole Eisenman et les modernes. Têtes, baisers, batailles.
Jusqu’au 23 octobre 2022
Fondation Van Gogh, Arles
fondation-vincentvangogh-arles.org
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