La Comédie-Française à Marseille ! Quoi de plus évident ? Comme le dit Dominique Bluzet, initiateur de l’événement, « la république des arts appartient à tous les Français ». Dans la deuxième ville de France mais aussi dans toutes les régions, les droits culturels ne doivent pas être au rabais, en deçà de ceux des habitants de la capitale dont l’exode prend d’ailleurs une ampleur inédite. En cette année de célébration des trente ans de la création du label de scène nationale, l’ambition de décentralisation culturelle doit être réaffirmée, renforcée, revitalisée.
Même si le service public de la culture n’est pas celui le plus à plaindre dans une France qui vit au rythme des reculs sociaux et démocratiques. Si Zébuline se bat pour exister et perdurer – ce qui est loin d’être gagné – ce n’est pas seulement pour prescrire des « sorties culturelles » en ces temps de morosité et d’incertitude. Si nous nous accrochons pour résister aux fléaux de l’uniformisation, de la concentration et de la marchandisation, c’est avant tout pour apporter notre part de réflexion à la construction d’une société irriguée, transcendée par les enjeux d’égalité, d’émancipation et d’épanouissement que véhiculent la création artistique et la pensée culturelle. Une visée qui n’est pas, comme on l’entend encore trop souvent y compris dans la sphère progressiste, une lubie de bobos déconnectés des aspirations populaires.
Les acteurs et actrices du champ culturel sont des travailleurs et des travailleuses du monde réel. Ils sont nombreux à prendre part à l’appel à la grève du 29 septembre. Que ce soit pour une revalorisation salariale, l’arrêt des suppressions d’emplois ou une transition écologique socialement juste. Avec l’arrivée au pouvoir d’un parti néofasciste en Italie, le bubon pesteux poursuit sa gangrène de l’Europe. Si elle n’est pas un antidote miracle à l’extrême-droitisation du débat politique et sociétal, la culture est un traitement au long cours dont les effets peuvent durablement élever les esprits. C’est sur le terrain d’un journalisme culturel qui affranchit les consciences que notre titre se positionne. Résolument.
Après les parutions de Zébuline le mag et le lancement de Zébuline le web, nous faisons un nouveau pari. Zébuline l’hebdo paraîtra tous les mercredis dans les pages de La Marseillaise, et en tiré à part disponible en kiosque le jeudi. Un hebdomadaire culturel en Provence ? « Mais quelle folie ! », diront certains. Nous leur répondrons avec les mots d’Alain Damasio: « La folie n’est plus folle dès qu’elle est collective ».
LUDOVIC TOMAS