mercredi 2 octobre 2024
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Viens voir les circassiens

Pour sa cinquième édition, la Biac présente des instantanés de cirque dans ses aspects les plus contemporains : métissage d’esthétiques et de générations, transmission et place des femmes

Une moyenne de 70 spectacles, accueillis dans plus de 45 lieux à l’échelle régionale. Au fil de ses éditions, la Biennale Internationale des Arts du Cirque a posé des jalons, dans la monstration sans cesse renouvelée d’un échantillon du cirque dans ses formes les plus vivaces. Outre le souci donné à l’équité territoriale, forte notamment de ses nouveaux partenaires (Théâtre Joliette, villes de Berre l’Étang et d’Eygalières), une attention particulière est accordée au versant féminin de la création, depuis trois éditions.

Univers organique         

Après un focus sur les spécificités de l’écriture féminine opéré en 2021, c’est cette année notamment la thématique du cirque et de la maternité qui sera abordée durant les rencontres professionnelles. Fer de lance de cette édition 2023, l’artiste aubagnaise Fanny Soriano, soutenue depuis ses débuts par la Région, est mise à l’honneur. Le parcours Sur la route de Fanny présente l’intégralité du répertoire de la circassienne. Au cœur de son propos, une sensibilité à fleur de peau jaugeant de la place de l’être humain dans un biotope mouvant, questionnant tant les relations humaines qu’inter-espèces, en groupe ou en solo. Son attrait pour les matières organiques – branche d’arbre, lentilles corail… –, doublé d’une appétence pour les scénographies ultra inventives et d’un langage acrobatique quasi expressionniste, rendent son univers particulièrement touchant et percutant. On guettera particulièrement sa nouvelle création, Brame, autour des relations amoureuses. 

Parcours thématiques              

Car ce n’est plus un secret, le cirque sait se saisir des sujets sociétaux. Citons ainsi Quarantaines, abordant la midlife crisis par la verve de Véronique Tuaillon, qui osait précédemment s’atteler à l’ardu sujet de la mort d’un enfant sous le nez vermillon de More Aura. Ou encore les élégants pied-de-nez opérés par l’espiègle Maroussia Diaz Verbèke, pour traiter de questions existentielles via de judicieuses mises en abyme autour des objets(23 fragments de ces derniers jours). Sans oublier la question de la désobéissance, mettant un philosophe aux prises avec un acrobate retors (Désobérire)…Pour en prendre plein les yeux, on glanera du wow effect avec L’Absolu de Boris Gibé et ses vertigineux gradins en colimaçon installés dans un silo réaménagé ; les mirages sauvages du Bruit des loups orchestrés par le magicien Etienne Saglio ou encore les envolées démultipliées de la Compagnie XY… « De nouveaux parcours sont proposés, créés au hasard des émotions voulues par les partenaires : poésie avec Raphaëlle Boitel, Jean-Baptiste André ou Les Colporteurs ; rire avec Caroline Obin, Gaël Santisteva ou Zania… », souligne Raquel Rache de Andrade, codirectrice de l’événement et de la compagnie Archaos.

Répertoire, trace et transmission                   

Au rayon burlesque, on gardera aussi un œil attentif sur les agitations de Nikolaus – « clown philosophe, roi de la gestion du chaos » selon l’autre codirecteur Simon Carrara – qui convie plusieurs générations autour de la piste. Car la transmission, c’est une autre des préoccupations de la Biac. Outre quelques reprises de répertoire d’artistes emblématiques du genre (Baro d’Evel, compagnie Sylvie Guillermin…) Raquel Rache de Andradeet son complice Guy Carrara célèbrent à leur manière le temps qui passe. Leur collaboration au programme Transmission, initié par le Conservatoire Toulon Provence Méditerranée, couronne la sortie de leur livre Écrire le cirque, l’aventure Archaos et la méthode ANCAR aux Éditions Deuxième époque. Faisant partie des pionnières du Nouveau cirque, aux orées des années 1980, la compagnie Archaos fête aussi ses trente ans en images, via plusieurs expositions des magnifiques clichés du photographe Philippe Cibille, de La Seyne-sur-Mer (jusqu’au 25 mars) à la galerie de la Manufacture d’Aix-en-Provence (30 ans de cirque contemporain, du 14 janvier au 11 mars).

Les singularités

La Biac a désormais ses incontournables : son village de chapiteaux tutoyant les flots, installé durant un mois sur les plages du Prado, hébergeant spectacles comme lieux de convivialité – Magic Mirrors, mini parc d’attractions avec jouets recyclés… Mais l’événement se distingue aussi par la mise en avant de singularités liées au contexte. Ainsi, le grinçant et profond Ludor Citrik va rivaliser d’inventivité en imaginant une création in situ pour le 3 bis f, centre d’art contemporain sis au cœur du centre hospitalier psychiatrique Montperrin d’Aix-en-Provence.

En guise de clôture, le 12 février, le cirque investit la Canebière pour l’événement Au bout la mer, explorant les lignes de fuite et jeux d’équilibres défiant l’horizon. Enfin, la manifestation continue de tirer son épingle du jeu au niveau éthique, poursuivant sa réflexion autour d’un cirque durable – attention soutenue autour de l’énergie, de la restauration et des déchets –, mais aussi d’un cirque pour tous : plus de 2 500 places à 3 euros à destination des groupes sociaux et scolaires. Coup d’envoi des festivités les 14 et 15 janvier, pour le week-end d’ouverture à la Friche la Belle de Mai avec moult propositions gratuites, dans les airs comme au sol. 

JULIE BORDENAVE

Biennale Internationale des Arts du Cirque
Du 12 janvier au 12 février
Marseille et région Provence-Alpes-Côte d’Azur
biennale-cirque.com
Place à la Suisse

Ses locaux parisiens étant en travaux, le Centre Culturel Suisse (CCS) entame une saison d’itinérance. Après Lyon début janvier, Marseille constitue la deuxième étape de son parcours. Un focus est organisé autour de la figure de l’émérite Martin Zimmermann. L’artiste présente à Antibes sa nouvelle grande forme, Danse macabre, et pose sur les plages du Prado une installation vidéo mettant en scène son alter ego funeste et rigolard, Mr Skeleton, mis en scène dans des courts métrages de stop motion. Les autres propositions présentées émanent d’« une nouvelle génération d’artistes suisses ayant fait de grandes écoles à l'international, notamment au Centre National des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne », étaie Jean-Marc Liebold, directeur du CCS. Parmi eux, Arno Ferrara ou encore le collectif franco-suisse La Horde dans les pavés. L’occasion de découvrir à la Friche la Belle de Mai le main à main sur palettes de Marc Oosterhoff, fondateur de la compagnie Moost, ou encore de se réconcilier, à Arles, avec une discipline mésestimée : le diabolo, que l’artiste Julian Vogel fabrique spécialement en céramique, avant de les mettre en jeu dans des performances éphémères.
J.B.
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