Zébuline. Qu’est-ce qui a motivé la création de ce nouveau Festival International de Choro ?
Claire Luzi. Il s’agissait pour nous de revenir à nos bases. Nous avons fondé notre compagnie en 2007 afin de promouvoir et diffuser le choro brésilien en Europe car c’est une forme musicale qui y est peu connue et, dans le même temps, trouver notre public pour nos propres créations. On a toujours organisé des rodas de choro avec des artistes amis. La roda, c’est le moment et le lieu où les artistes se réunissent pour jouer du choro, en un fantastique instant d’interaction entre les musiciens. On pourrait comparer la roda à un jeu de société dans lequel chacun se dépasse et grandit dans son art. Au Brésil, c’est une véritable institution où les gens viennent pour apprendre – il y a toujours un vieux à côté de toi qui t’enseigne et parfois se fâche ! [rires]. C’est totalement intergénérationnel, à la fois dans la transmission, la création et l’improvisation. Nous nous sommes demandé de quelle manière nous pourrions reprendre les rodas, la solution fut évidente : il fallait inviter de grands musiciens de choro. Ainsi nous invitons pour notre première édition Pedro Aragão, grand pédagogue, interprète, arrangeur, chef d’orchestre, chercheur (il est maître de conférence en musicologie et docteur en ethnomusicologie) et surtout au service de la musique qu’il joue. Dans la roda, et c’est une différence essentielle avec le bœuf ou le jam, les musiciens restent au service de la musique, ne cherchent pas à briller en écrasant les autres (bien sûr, chacun cherche à montrer le meilleur de lui-même). Le personnage principal reste le choro !
Comment a été élaborée cette première édition ?
Nous avons le souci de nous adresser à tous les publics et de varier les propositions. Il y aura des ateliers pour les familles (et pour tout le monde) pour une approche ludique du choro, l’atelier Copomaxixe(un rythme du choro est effectué avec un gobelet que l’on se passe sur une table), celui avec Emilia Chamone (percussions corporelles et chant)… Aussi du cinéma, Verioca présente le documentaire signé Milena Sa, Nas Rodas do choro, une masterclass suivie d’un concert de restitution, dirigée par Pedro Aragão qui donnera aussi un concert-conférence « Le choro ». Également des concerts, avec Boum mon bœuf (Duo Luzi-Nascimento), un concert de Pedro Aragão où je serai en première partie accompagnée de Verioca, Emilia Chamone et de l’accordéoniste Karine Huet, grande figure du syndicalisme musicien qui nous aura conviés auparavant à un concert attablé. Bien sûr il y aura une roda de choro invitant tous les musiciens, quel que soit leur instrument, le jour de clôture au Petit Duc. Le musicien photographe Olivier Lobsera présent avec son labo-photo itinérant. Nous attendons beaucoup de monde à ce festival de musique populaire où chacun peut s’approprier une musique vivante.
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARYVONNE COLOMBANI
Festival International de Choro Du 10 au 19 février Divers lieux, Aix-en-Provence 06 98 72 89 40 laroda.fr