Ils sont nombreux les artistes reconnus à être passés par un tremplin musical. On peut citer Pomme, Feu! Chatterton, Eddy de Pretto pour la seule dernière décennie. Si pendant longtemps la reconnaissance était synonyme de passage dans les médias, les tremplins font aujourd’hui office de dénicheur de talents, autant suivis par les amateurs en quête de nouveaux sons, que par des professionnels à la recherche de la nouvelle pépite. Les artistes, quant à eux, profitent de ces dispositifs pour découvrir un monde qu’ils ne connaissent pas forcément, se faire des bons contacts et décrocher certaines récompenses qui peuvent considérablement aider leurs carrières.
Une compétition ?
Si l’on peut être dans un premier temps refroidi par le caractère compétitif de tels dispositifs, les artistes n’y voient souvent qu’une opportunité de plus pour s’exprimer. « On l’a pris comme un concert normal. On ne se rendait pas compte de l’importance du truc », explique Jules Hendriel, chanteur de Parade, groupe sélectionné pour les Inouïs du Printemps de Bourges en 2020. Même son de cloche pour Trampqueen, vainqueure d’Orizon Sud en 2022. « Il y a ce coté compétitif car on essaie de gagner. Mais j’étais plus en compétition avec moi-même. Et puis on découvre d’autres groupes, qui peuvent devenir des potes. Avec qui on peut envisager des collaborations. »
Des rencontres avec des artistes mais aussi avec des professionnels, une manière de découvrir les rouages de l’industrie musicale française, pour le meilleur et pour le pire. « Ca nous a aidé car on voit aussi ce que l’on n’aime pas. C’est un monde particulier avec des gens particuliers. Après une journée à me faire former par un mec de Spotify, je me suis dit que les réunions à la banque étaient moins pires », raille le chanteur de Parade, banquier dans une autre vie.
Des gains à la clef
Le principal intérêt pour les jeunes artistes demeure dans les lots à gagner, souvent hors de prix, ou hors d’atteinte pour des artistes émergents. « On a gagné une résidence, c’est un graal pour un jeune groupe. Ça nous a permis de mettre en place notre live », témoigne Ange Debili, de Social Dance, qui a participé à Orizon Sud en 2022, et qui se lance dans la prochaine édition des Inouïs.
Une participation qui assure aussi aux artistes une certaine visibilité. « Je sais qu’il y a pas mal de professionnels qui suivent les tremplins, donc ça nous a peut-être aidé à nous implanter à Marseille », poursuit Ange. Une mise en lumière qui peut aussi provoquer du stress pour certains participants. « J’ai vu une artiste vomir avant de monter sur scène. Elle a passé trois jours angoissée, paniquée par cet événement », explique Jules de Parade. De quoi se rappeler que si « ça peut aider à ouvrir des portes, il n’y pas qu’un seul chemin », résume le guitariste-chanteur de Social Dance.
Si Orizon Sud a clôturé les inscriptions le 5 février, on en est déjà à la phase des auditions à Class’Eurock, celle-ci se poursuivant jusqu’au 25 de ce mois. L’ainé des tremplins en Paca – il est porté depuis sa création en 1991 par l’association Aix Qui – a vu ses estrades foulées par Hyphen Hyphen ou encore Deluxe. Et cette fin semaine, ce sont les Inouïs qui invitent le public à découvrir sur scène les groupes régionaux présélectionnés dont un participera peut-être à la grande finale à Bourges, au printemps.
NICOLAS SANTUCCI
Auditions live des Inouïs du Printemps de Bourges
10 février au Live, Toulon et le 11 février au Moulin, Marseille