Cherchant à stimuler la réflexion sur les formes, les couleurs et les espaces, dans le droit fil du chemin tracé par sa figure tutélaire, Victor Vasarely (fondateur du mouvement Op Art), la Fondation Vasarely d’Aix-en-Provence présente des expositions d’artistes dont les œuvres souhaitent proposer aux visiteurs une expérience sensorielle immersive. C’est ainsi qu’elle a eu l’idée de réunir pour la première fois les œuvres de deux artistes. Celles de Miriam Prantl, qui œuvre en peinture du côté de l’abstraction géométrique et des installations de « light painting ». Et celles du sculpteur Stefan Faas, dont une grande partie du travail est consacré à la création de volumes abstraits en acier miroir hautement poli. C’est d’ailleurs deux de ses sculptures réfléchissantes, l’une installée sur la pelouse, l’autre sur le plan d’eau devant la Fondation, qui accueillent les visiteurs avant leur entrée dans le bâtiment de la Fondation.
Rythmes et couleurs
Sculptures miroitantes dont on découvre une trentaine d’autres exemplaires dans les trois salles d’exposition du rez-de-chaussée de la Fondation, en compagnie des tableaux de Miriam Prantl : composés par des bandes d’aplats de couleurs horizontales et verticales plus ou moins larges, se croisant, formant divers rectangles, donnant naissance à des espaces picturaux abstraits, aux rythmes plus ou moins serrés. Se prolongeant souvent jusque sur les côtés du tableau, certains ayant une épaisseur d’une petite dizaine de centimètres. Souvent présentés en diptyques ou triptyques, mettant en présence des variations minimes dans leurs compositions et/ou dans leurs couleurs, ils peuvent donner une impression de mouvement, et une analogie avec les effets de variations discrètes à l’œuvre dans les boucles de musiques répétitives.
Miriam Prantl déclare d’ailleurs à propos de son travail et de son lien à la musique : « La couleur et la musique sont des vibrations qui s’harmonisent et sont en cohérence les unes avec les autres. Puisque les sens se superposent lorsqu’une vibration de couleur évoque une tonalité en même temps, cela confirme la complexité de nos possibilités perceptives ». On est d’ailleurs accueilli dans la deuxième salle par une musique planante, des nappes de synthétiseur sur lesquelles s’inscrivent parfois quelques notes de pianos, de violons, des sons de gouttes d’eau, ou un battement cardiaque. Elle accompagne la projection d’une vidéo abstraite de la peintre, qui fait se succéder des espaces-surfaces colorés, des formes entrelacées à la surface de l’eau, des halos de lumière, des ronds de couleurs scintillants, qui se touchent, se mélangent.
Miroirs déformants
Rythmant également de leurs présences le parcours de l’exposition, les sculptures abstraites de Stefan Faas se présentent souvent en deux éléments. L’un placé en vis-à-vis de l’autre, ou intégrés dans le même volume, jouant d’effets de symétries ou de di-symétries, posées directement au sol ou sur des socles noirs de dimensions variables. La plupart se dressent à la verticale, aux alentours de deux mètres de haut. Des présences métalliques et réfléchissantes qui rentrent directement en interaction avec le corps du visiteur, et auxquelles le sculpteur donne un aspect légèrement ondulant, à travers les courbures discrètes de ses surfaces et de ses arrêtes, sur lesquelles jouent les divers reflets et lumières de l’environnement immédiat. La troisième salle de l’exposition présente d’ailleurs une installation de huit de ces « totems » disposés en cercle dans une semi-obscurité autour du pilier central de la salle. Accompagnés également d’une musique planante, réfléchissant les lumières des œuvres en néons de couleurs de Miriam Prantl disposées autour.
Noir et blanc
Quant à l’exposition Photographies de Gisèle Donon, on la trouve au premier étage de la fondation : une trentaine de photographies en noir et blanc argentique de l’artiste, présentées par la Fondation Vasarely comme « explorant les limites entre la réalité et l’abstraction à travers des compositions graphiques épurées ». Pour la plupart, il s’agit de photographies de l’architecture de la Fondation, prise dans son ensemble ou à travers des détails, aux parti-pris de composition très graphiques, et notamment une série autour de l’œuvre de Vera Röhm, Rhythmus 800, un ensemble de 25 stèles de huit mètres de haut en aluminium anodisé et plexiglas, installée à l’extérieur de la Fondation.
MARC VOIRY
Espace/Lumière/Reflexion
Jusqu’au 10 mai
Photographies
jusqu’au 12 avril
Fondation Vasarely, Aix-en-Provence