Une série de quatre soirées données par une formation d’étoiles, de premiers danseurs et de sujets du Ballet de l’Opéra de Paris offrait un florilège de la grande tradition classique de la danse. En ouverture, le Grand Pas Classique (un « grand pas » est une suite de danses qui, au cœur d’un ballet complet, permettent une exhibition virtuose des danseurs) de Victor Gsovsky célébrait la splendeur de la technique du ballet, porté par les deux étoiles Valentine Colasante et Marc Moreau, éblouissants de grâce et de précision, équilibres défiant la gravitation, manèges, grands jetés, fouettés en un accord parfait. Les sections lyriques s’enchaînent aux allegros, les pirouettes et ballonnés de la danseuse répondent aux batteries et tours du danseur, même les « promenades » sont d’une magique élégance. On partait ensuite dans des épisodes américains avec le néo-classicisme de Jerome Robbins, In the night, voyage amoureux de trois couples sur une partition de Chopin (jouée sur scène par la pianiste Ryoko Hisayama), empreint d’un délicat romantisme, « du jazz sur pointes », puis celui de George Balanchine, Who Cares ?, sur une musique de Gershwin, avec pour toile de fond les gratte-ciels de Manhattan, la danse classique s’enjazze alors joue de ses codes. Enfin, deux larges extraits de Raymonda sur une chorégraphie de Rudolf Noureev éclairaient la musique narrative de Glazounov dans la plus pure tradition, entre variations classiques et danse de caractère en une série de tableautins délicieusement espiègles et expressifs où la virtuosité technique devient outil signifiant. Du grand art !
MARYVONNE COLOMBANI
Représentations du 27 au 30 septembre au Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence