Comme chaque année depuis 2011, le festival Photo Marseille et la mairie des 9e et 10e arrondissements offrent une mise en lumière aux jeunes talents de la photographie. Pour cette nouvelle édition, le jury – composé notamment d’Emmanuelle Hascoët de la Bibliothèque nationale de France ou de Nicolas Misery, Directeur des Musées de Marseille – ont choisi d’attribuer le premier prix à Henri Kisielewski pour sa série Non Fiction. On découvre aussi dans les jardins du parc Maison Blanche comme sur les murs de la mairie les travaux des trois autres lauréats, qui nous emmènent de la Jordanie au Nord de la France, en passant par la Sardaigne mystique.
Le parcours, lui, ne fait pas de mystère. Dès l’entrée du parc, au bord de l’allée, se dévoilent les photos du jeune artiste franco-anglais d’Henri Kisielewski. Un travail autour de la « frontière poreuse de la réalité et de la fiction », explique-t-il. Sur les cimaises, des triplettes regardent avec nonchalance l’objectif ; un autre joue d’un rideau et d’une paire de lunettes pour se donner des airs fantomatiques ; bien endimanché et moustache recourbée, celui-ci fixe le photographe d’un œil blanc saisissant. Toutes ces photos ont été prises par l’artiste au hasard de ses déambulations et des rencontres. Mises côte à côte, une narration se crée, les photos se répondent, et forment ensemble un récit « fictif » et déconstruit, né de rencontres bien réelles.
Noir sur blanc
Plus loin dans le parc, judicieusement installé à côté du lac asséché pour travaux, on découvre le travail de Mouna Saboni, intitulé Disappearance, autour de la raréfaction de l’eau au Proche-Orient. L’artiste a suivi le fleuve Jourdain de la frontière libanaise à la mer Rouge. Et on assiste, effaré, à ce qu’est devenue cette ancienne source inépuisable de vie : un filet d’eau pollué, que l’on peut facilement enjamber. La cruelle réalité de ce que disent les clichés n’enlève rien à la beauté du travail de l’artiste, au contraire. Les photos sont brulées de lumière, renforçant encore ce spectacle de désolation, dans une fulgurante alchimie entre eau, pierre et soleil.
À l’intérieur de la mairie, deux autres lauréats sont exposés. D’abord Andréa Graziosi pour sa série Animas, un sublime reportage dans la Sardaigne centrale, où d’anciens cultes revêtent costumes et masques stupéfiants de noirceur et de secrets. Puis À bout de souffle, de Jean-Michel André, qui nous emmène dans le bassin du Nord de la France où des visages pleins de vie répondent à ces montagnes mortes que sont les terrils. Tous ces artistes offrent à cette exposition une richesse et une diversité remarquables, à l’image du festival Photo Marseille, qui se poursuit dans une vingtaine de lieux jusqu’au 24 décembre.
NICOLAS SANTUCCI
Prix Maison Blanche
Jusqu’au 19 novembre
Parc Maison Blanche, Marseille
laphotographie-marseille.com