Seconde sortie de résidence pour la Cie La Briqueterie avec un texte fort de Falk Richter. La femme, l’homme, le fils, sont contraints de vivre dans un espace clos, lui-même enfermé dans un ensemble d’habitations cernées de barbelés que des gens de l’extérieur tentent régulièrement de franchir et en meurent. Trop protégés, les habitants sont en fait prisonniers. Une haute autorité les contrôle, les obligeant à un travail et des résultats performants. À défaut, la perte de leur confort et l’expulsion les guettent.
Sans liberté et sans avenir
Si le spectacle commence par une cérémonie de mariage avec voile de tulle blanc et cloches à la volée, il déraille tout de suite par un accouplement qui se termine en étranglements réciproques. Sur un lit immense, l’homme pianote sur son ordinateur tandis que la femme, Irène Ranson, présence tendue et fragile, lui demande s’il est sûr d’aller bien et lui reproche son manque d’enthousiasme pour son boulot. Son inquiétude est perceptible quand elle scrute les bruits de l’extérieur. Tandis qu’elle entend des bruits de balles, il ne perçoit que celui des vagues. Lequel a raison ? Quoiqu’il en soit une menace sourde pèse et la peur s’insinue. Le metteur en scène, Jean-Jacques Rouvière, qui joue avec conviction et une certaine désespérance le rôle de l’homme, a introduit un personnage qui n’existe pas dans la pièce, une sorte d’humanoïde androgyne et glacial (Astrid Giorgetta), qui les surveille tout en entretenant un carré d’herbes, vestige d’un monde disparu.
Le fils (Ivan Gueudet) étouffe, veut sortir, s’oppose violemment au père dont il conteste l’autorité tandis que le couple n’arrive plus à se comprendre. Un univers qui, sans être daté, devient une sorte de miroir déformant de nos sociétés actuelles, déchirées par la violence des guerres et des famines.
CHRIS BOURGUE
État d’urgence de Falk Richter a été donné ce 25 novembre à La Distillerie, Aubagne.