mercredi 2 octobre 2024
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Entre jamais et toujours

La Saint-Valentin au GTP, c’est avant tout de la musique. Le Cercle de l’Harmonie de Jérémie Rhorer et la mezzo-soprano Marina Viotti accordèrent à la soirée un parfum d’exception

Rien d’édulcoré ni de « gnangnan » dans le programme donné au GTP ce soir de Saint-Valentin! La fadeur ne fait pas partie du vocabulaire des musiciens en présence. Le Cercle de l’Harmonie sous la houlette de Jérémie Rhorer joue « à la maison » au Grand Théâtre où il est orchestre en résidence.
En préambule il reprenait l’Ouverture des Noces de Figarode Mozart dont il avait joué l’opéra au Théâtre des Champs Élysées en 2019 pour la première mise en scène du cinéaste James Gray. La clarté de la direction met en évidence tous les pupitres, donne à écouter l’orchestre dans la multiplicité de ses voix en un tempo soutenu et un sens subtil des nuances. L’orchestre raconte, respire. Les instruments solistes ajoutent à la finesse de l’ensemble, flûte aérienne de la Danse des esprits bienheureux de Gluck, violon solo éblouissant de la Méditation de Thaïs (Jules Massenet) accompagné par une harpe aux intonations déliées… 

Victoire de la musique 2023, mais déjà appréciée follement à plusieurs reprises au Festival international de musique de chambre de Provence, Marina Viotti, délaissant pupitre et partitions, joue les extraits d’opéras qu’elle interprète. Elle sera vive et mutine dans le Voi che sapete, air de Chérubin des Noces de Figaro, où le jeune homme déclare son amour à toutes les femmes, englué délicieusement dans le vague des passions naissantes. Dans les extraits d’Orphée et Eurydice de Gluck, elle incarnera d’abord la joie du poète dans Qu’entends-je ?… Amour vient rendre à mon âme, puis, bouleversante, elle dira les larmes qui scellent la perte de l’aimée, condamnée à rester dans les Enfers, J’ai perdu mon Eurydice. Vocalises étendues, ornementations étonnantes d’inventivité, chromatismes périlleux, sont exécutés avec une aisance confondante…
Émouvante dans l’évocation du sacrifice d’Alceste qui demande à mourir à la place de son époux, Marina Viotti choisit de conserver la pureté de la déclaration d’amour de Dalida, Mon cœur s’ouvre à ta voix, (Samson et Dalida, Camille Saint-Saëns), préférant de son propre aveu préserver le sentiment amoureux sans la perversité de la jeune femme qui séduit Samson pour lui couper les cheveux et lui enlever toute force.
Rareté aussi lors de ce concert, la diva présente le programme en donne les lignes directrices, apporte la fraîcheur de ses commentaires. Piquante dans la ritournelle de Carmen (Bizet) Près des remparts de Séville (passage qui sera repris en bis), elle se glisse dans « l’ascenseur émotionnel » de la grande scène du III de La Favorite de Donizetti avec un phrasé d’une bouleversante limpidité.
En bis elle offrira aussi, Saint-Valentin oblige, le Rondo final de la Cenerentola de Rossini. Sa finesse espiègle ne laisse pas croire à une Cendrillon qui attend robe, carrosse et prince charmant ! On termine par Carmen, indomptable. Non, la Saint-Valentin n’est pas en guimauve !

MARYVONNE COLOMBANI

Le 14 février, GTP, Aix-en-Provence

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