Il y a quelques semaines, le Théâtre du Gymnase programmait déjà – à La Criée – Pascal Rambert et sa pièce Mon Absente. Dans Ranger, donné sur la scène des Bernardines de Marseille jusqu’au 24 février, c’est encore d’absence dont il est question.
Après un dîner-conférence de gala, Jacques Weber retrouve sa chambre d’hôtel aseptisée de Hong Kong. Tout est blanc, fait de plastique, et la télévision paraît plus grande que les fenêtres. Une fois son masque chirurgical enlevé et la lumière allumée, il s’adresse à sa femme, matérialisée par un portrait posé sur une table. On apprend rapidement qu’elle est morte il y a un an. Il lui raconte la soirée dans ses moindres détails, et ponctue le récit de souvenirs communs. Et il boit, beaucoup, prend des médicaments et se drogue aussi. Il n’a plus le goût de rien, sinon de se détruire, une bonne fois pour toute.
Un néon-événement ?
Pendant 1h30, le public assiste à un monologue souvent poignant, parfaitement exécuté par un Jacques Weber encore et toujours au sommet de son art. Il est puissant, subtil, convoque tour à tour tristesse, joie, angoisse ou euphorie. La mise en scène est aussi au rendez-vous. La lumière produite par la centaine de néons accrochés à cette chambre austère offre une harmonie judicieusement malaisante à l’ensemble. On ne saurait pourtant être parfaitement emballé par ce que propose Pascal Rambert – contrairement à Mon Absente qui avait davantage convaincu. La faute à un propos trop monotone, qui confine par moments à l’ennui. Le seul Jacques Weber, malgré tout son talent, ne peut éviter.
NICOLAS SANTUCCI
Ranger, de Pascal Rambert est donné jusqu’au 24 février au Théâtre des Bernardines, Marseille