Samia Chabani : « Sur les parcours hérités des marges et des délaissés, Ancrages apporte sa contribution à la transmission des cultures et mémoires d’exil de Marseille.
Dépasser la confidentialité de la recherche et valoriser les parcours d’habitant·e·s m’ont offert de nombreuses occasions de rencontre. Cette chronique sera l’occasion de poursuivre et de vous emmener à la rencontre de figures emblématiques. Celles valorisant un quartier populaire, une communauté diasporique ou un événement scientifique ou culturel.
À Marseille, les identités narratives sont multiples, métissées, aux contours perméables… Cet espace narratif propose de se départir des catégories administratives et identitaires qui enferment, assignent, épuisent toute créativité, dans un contexte où la condition cosmopolite prévaut. C’est une invitation régulière que je vous propose, ouvrant sur les sciences sociales et la poésie, la recherche comme le sensible. Ici, les frontières se voudront imaginaires, les histoires vraies croiseront les mythes, les imaginaires et les utopies viendront disputer l’argument du réel.
Etes-vous prêt à embarquer pour un nombre d’escales inconnu, à travers les ports et leurs habitant·e·s ?
Car si l’histoire de la Méditerranée est fameuse par les sièges, les chutes et prises de possessions et de pouvoirs, elle a également su transmettre une culture d’hospitalité qu’il apparaît urgent de remettre au-devant de la scène.
Au travers de mon expérience, j’ai pris la mesure du nombre de celles et ceux qui se sentent à la marge du droit au récit, du droit à la ville ou de la mobilité ! Alors, nous porterons notre attention sur les angles morts de l’histoire des habitants des quartiers populaires, des artivistes, des femmes, des étrangers, des voyageurs et autres « sans voix » dont on ignore l’opinion et l’avis, dont on conteste la légitime expression et que les conditions assignent trop souvent au silence.
À Marseille, l’altérité prend naissance dans son mythe fondateur, celui de Gyptis et Protis.
En attendant que la vérité émerge entre mythe et légende, entre archéologues et conteurs, faisons nôtres, toutes ces pistes qui fondent nos héritages communs. Relevons le défi de la construction du récit, parce que se raconter à soi et aux autres participe de notre humanité.
C’est par le récit que nous existons et que nous nous désignons au monde ! C’est ainsi que nous parviennent les paroles de la poétesse et du sage, de Kharboucha et de Moha autant que d’Hermès et de Gaïa. Ce sont les paroles de félibre, du griot, du chaman que porte le vent jusqu’à Marseille… Les contes s’entremêlent tel un sabir et s’inscrivent dans le vent quand il se lève, comme pour nous rappeler que le sens du vent comme celui de l’histoire n’attend pas ! L’histoire a un sens parce qu’elle est le lieu où se fait notre humanité.
Alors, le mistral nous rendra-t-il fous en chalant ces paroles jusqu’à nous ?
Longtemps les diasporas ont désigné des communautés dispersées, parfois apatrides, souvent minoritaires. Aujourd’hui, cette notion s’adapte au changement de paradigme des migrations et les mobilités humaines. L’horizon qu’elles dessinent est cosmopolitique, et n’équivaut ni à la « gouvernance mondiale », ni à la « communauté internationale », ni à la « mondialisation » économique et financière. Dans ce contexte, le processus de racialisation prend une résonnance transnationale avec des connexions qui s’opèrent autour de questions clés. »
En partenariat avec l’association Ancrages, Diasporik est à retrouver chaque semaine dans nos pages.