mercredi 2 octobre 2024
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Vague brune dans le Sud

Notre terre de festivals fait grise mine dans une nation qui a su résister, avec panache, à l’extrême droite. En dehors des grandes villes qui envoient à l’Assemblée quelques députés de gauche(s), la vague RN dans le Sud n’épargne aucun territoire. Sans un changement de cap, les prochaines élections municipales verront des villes nombreuses basculer dans le giron de l’extrême droite. 

Les raisons en sont multiples, mais la diabolisation irresponsable de la gauche par la droite locale en est une, de même que le parallèle délirant entre « les extrêmes » et la défense d’une culture identitariste et enracinée, comme au Rocher Mistral. Nier le multiculturalisme de la France, appeler wokisme tout ce qui remet en cause le patriarcat, ses violences et ses inégalités systémiques, essentialiser les différences entre les genres, les origines géographiques et sociales, les (non)croyances et religions, conduit à des hiérarchisations entre les êtres humains qui rappellent le Travail Famille Patrie de Vichy, et les grandes épurations racistes de l’histoire, du massacre des Natifs américains à la Shoah, en passant par la traite négrière et les colonisations.

Reconstruire une culture plurielle et commune

Mais si la vague brune submerge le Sud, le sursaut national épargne pour l’heure le pays et laisse quelques mois pour construire une alternative à l’inexorable montée en nombre du vote Rassemblement national. La souffrance sociale, la disparition des services publics et les réformes des retraites et du chômage imposées à marche forcée sont clairement des raisons de la colère des Français contre Macron et ses gouvernements. Les records de distribution de capital en 2023, (près d’une fois et demi le budget de l’État en actions et dividendes), creusent des inégalités insensées : si les revenus du capital étaient un tant soit peu taxés, et même beaucoup moins que les revenus du travail, tous les services publics, les financements sociaux et les caisses de retraites pourraient sortir du déficit, et remettre sur la voie d’une saine croissance, partagée, l’ensemble du pays, jeunes et vieux, femmes et hommes, racisé·e·s et enracinés « de souche », citadins, périurbains et campagnards.

Presse et culture publiques

Pour cela, il s’agit de créer et diffuser du lien et de l’intelligence. D’en finir avec la disparition annoncée de la presse et de ses réseaux physiques de diffusion, de lutter efficacement contre les Gafam en leur imposant de rémunérer leur usage de contenus, et d’afficher et contrôler leurs sources, de faire taire les médias braillards qui popularisent les idées rances et sont régulièrement condamnés pour racisme. De ne plus leur donner d’autorisation d’émettre, et plus de financement public. D’interdire efficacement la concentration des médias et de soutenir les médias publics, en particulier leurs antennes régionales, indispensables au fonctionnement démocratique local.

La gauche, si elle veut rester fidèle à son histoire et ses fondamentaux, doit refonder le service public de la Culture, centralisé et pressuré par l’État et certaines collectivités. C’est en remettant de la finesse au cœur du politique, en sortant du oui/non binaire qui interdit aujourd’hui toute pensée complexe et dialectique, mais aussi en laissant fleurir dans nos vies la joie et le partage, les concerts et les festivals, que nous pourrons lutter contre les racornissements inexorables que l’on nous promettait comme seul horizon.

Nous ne sommes pas sortis d’affaire. Alors, faites vos choix dans ces pages, naviguez, partagez, éprouvez. Nous vous souhaitons un bon été de festivals, de luttes, de joie et de résistance. 

AGNES FRESCHEL

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