mercredi 2 octobre 2024
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AVIGNON OFF : Couple en construction

Dans Mégastructure, les chorégraphes Sarah Baltzinger et Isaiah Wilson imaginent les trajectoires d’une relation amoureuse au travers des corps qui la composent

Sarah Baltzinger apparaît sur le plateau en ouvrant une porte dérobée. Une entrée sobre, mais sa présence et la fixité du regard qu’elle adresse au public a quelque chose d’hypnotique. Elle est vêtue d’un pantalon et d’un simple chemisier. Filippo Gualandris, remplaçant de dernière minute d’Isaiah Wilson qui s’est blessé, lui aussi en chemise et jean, la rejoint. Le ballet des corps qui s’entremêlent peut alors commencer. Sarah Baltzinger et Isaiah Wilson, en couple dans la vie, ont composé la chorégraphie de Mégastructure au terme d’une résidence. Dans un spectacle d’une demi-heure, ils explorent les diverses trajectoires d’une relation amoureuse et l’entité corporelle que devient le couple lorsque les individualités s’effacent.

Rien que les corps

Sous une lumière blanche et sur un plateau nu, Sarah Baltzinger et Filippo Gualandris se livrent à une performance acrobatique effrénée et précise. Ni musique, ni décor ne se substituent aux corps qui sont les pièces maîtresses du spectacle. Ils ont leur propre musicalité, faite de respirations saccadées et de bruits de pas qui imposent un rythme. De temps à autre, les mouvements s’interrompent, laissant un silence intense envahir la salle, appuyé par le contact visuel instauré entre danseurs et public. La souplesse prodigieuse du duo confère à leurs corps une apparence inédite, et donne à voir une infinité de mobilités. Chaque membre du corps humain est sollicité dans la recherche de nouveaux gestes : ce sont les chevilles qui se tordent, le dos contorsionné à 360°, les déplacements en grand écart. Aucune limite à ces explorations, pas même le corps de l’autre.

Structure du couple

Comment conserver son identité lorsque l’on fait couple ? Si la réponse semble évidente, Sarah Baltzinger et Filippo Gualandris prouvent qu’il n’en est rien. Au cours de leur chorégraphie, ils font émerger des empilements, des emboîtements, des entremêlements jusqu’à ne former qu’une seule et même entité. Les mouvements de l’un entraînent ceux de l’autre dans une relation de codépendance : elle s’agrippe à lui tandis qu’il tente de se déplacer, l’amenant à se balancer à son tour ; elle le relève en s’allongeant sur lui. Les corps se retrouvent avec violence, s’évitent et s’attirent de nouveau avec pudeur, se dominent ou se laissent dominer. Leurs contorsions symbolisent-elles les compromis d’une relation ? Le couple est une structure corporelle complexe, dont les associations chorégraphiques périlleuses menacent à tout instant de la faire s’effondrer. Mais les deux artistes résistent et dépassent la fragilité apparente de leurs liens. Un modèle qui pourrait être repensé à l’échelle de la société.

CONSTANCE STREBELLE

Mégastructure a été donné du 6 au 16 juillet au Théâtre de l’Atelier (La Manutention) dans le cadre du Festival Off d’Avignon

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